Dans le tumulte - y compris musical - qui nous entoure, certains diraient de la bulle rétro de Camera Obscura et de son indie-pop aux romances surannées qu’elle est l’un de ces rares repères sur lesquels on est sûr de toujours pouvoir compter. Et pourtant, ce ne serait pas vraiment rendre justice au combo de Glasgow que de prétendre qu’il n’a pas changé avec les années qui séparent ce Desire Lines dévoilé via NPR de son prédécesseur My Maudlin Career.

Tout d’abord, exit le Suédois Jari Haapalainen qui avait pris le relai de Stuart Murdoch (Belle & Sebastian) en produisant le groupe depuis Let’s Get Out of This Country, Camera Obscura a décollé pour Portland et sollicité Tucker Martine pour enregistrer ce 5ème LP et apporter un peu plus de clarté à leur wall of sound pop 60’s sur les morceaux les plus enlevés (le parfait Do It Again en tête). Le producteur des Decemberists et de Laura Veirs s’avère d’ailleurs tout aussi habile pour offrir de la distinction aux cuivres soul à l’américaine de I Missed Your Party, aux basses syncopées très Dusty In Memphis de This Is Love (Feels Alright) ou à la guitare mélancolique de la ballade rétro Fifth In Line To The Throne, que de la densité aux orchestrations du capiteux Cri du Coeur et aux nappes synthétiques du désarmant William’s Heart.

Quant aux invités Jim James (My Morning Jacket) et Neko Case (aux backing vocals), ils finissent d’appliquer en toute discrétion cette petite touche country-pop (Desire Lines) déjà entrevue sur l’opus précédent et contrastant ici avec les retours de flamme twee (Break It To You Gently) ou new wave (Troublemaker) d’un album rapidement attachant, qui sonne comme un best of de ce que Tracyanne Campbell et sa bande savent faire de mieux.