Pas aussi inspiré qu’on pouvait l’espérer dans sa mixture de nappes ambient éthérées, de techno concassée et de pianotages embrumés, Immunity croule sous le poids de ses beats répétitifs et distordus, aussi percutants sur les courts extraits que l’on avait pu goûter jusqu’ici que poussifs sur la durée.

Heureusement, il y a ces quelques titres où Jon Hopkins laisse tomber les tentatives de contraste entre agressivité rythmique et délicatesse mélodique pour se concentrer sur ce qu’il maîtrise véritablement le mieux, ces envolées romantiques et vaporeuses au tempo plus feutré voire absent.

Entre deux clusters numériques souvent moins deep que fatigants, on se délectera ainsi du poignant Abandon Window dont le piano impressionniste se mue peu à peu en orage céleste, ou du bien-nommé Sun Harmonics aux textures amples et chaleureuses. Mais c’est finalement en retrouvant le timbre haut-perché de son compère King Creosote avec lequel l’Anglais signait il y a deux ans le déjà culte Diamond Mine que culmine le successeur du nettement plus équilibré Insides, sur neuf minutes de lyrisme brumeux que ne renieraient pas Sigur Rós ou The Album Leaf.

De là à dire que la traversée du désert commence pour Jon Hopkins, il y a un fossé que l’on ne franchira pas, en tout cas pas en skateboard :

En écoute en avant-première chez NPR.