IRM Expr6ss #23 - spécial EPs de l’été : GDP & Fatboi Sharif, Emika, Dayin, Autotel, Why Patterns, Julien Ash & Jon Shuemaker (+ bonus Break On Beacons)

Perdus dans l’actu plus encore que d’habitude du fait de la torpeur estivale et des congés synonymes d’empilement des retards d’écoute, 6 (+1) petits bijoux immédiats et variés que vous auriez probablement regretté de louper, et dont la courte durée justifie ici des avis tout aussi succincts.




- GDP & Fatboi Sharif - ENDOCRINE (Fused Arrow, 11/07)

Dans la foulée de l’abscons Let Me Out dont on ne sait pas toujours pas vraiment quoi penser (cf. ici), le rappeur new-jersiais au flow âpre s’associe à son ami producteur GDP pour 7 vignettes sombres et menaçantes comme il les affectionne mais plus frontales cette fois, samples de guitares électriques à l’appui sur Luchador Mask notamment. Des beats boom bap assez classiques par-delà leurs atmosphères plus ou moins déliquescentes (2Pac’s Autopsy Photo, Sage Run) y côtoient déferlements industriels (Default Mode Network) et autres incursions downtempo flirtant avec le doom rap (Renaissance Tirade). Une franche réussite, au parfait équilibre entre efficacité et expérimentation.



- Emika - Frames (Autoproduction, 25/07)

Alors que les instrumentaux embrumés du superbe HAZE continuent d’exercer leur pouvoir de fascination, la Britannique émigrée en Allemagne change légèrement de braquet sur cet EP présentant quatre nouveaux morceaux d’electronica stellaire où le chant impressionniste de l’ex-pensionnaire de Ninja Tune reprend progressivement sa place, sur fond d’arpeggiators de synthés délicats. En guise de bonus, instru, acapella et un remix plus minimal techno sans être bourrin pour autant facilitent la redescente. Du tout bon !



- Dayin - Inert World (Autoproduction, 1/07)

Le projet ambient d’Angel Simitchiev (Vague Voices, Mytrip) fait désormais partie des réguliers de nos colonnes, cf. encore ce superbe long format en février dernier. Sur Inert World, le Bulgare continue de creuser cette veine vaporeuse aux field recordings suintants et aux textures épaisses, évoquant l’exploration de quelque souterrain clair-obscur en plein dégel, les synthés débarquant plus expressément sur le morceau final Decompression dont le foisonnement d’harmonies scintillantes semble résonner comme une libération, à l’approche de la surface et de la lumière du jour.



- Autotel - Sequencer (Autoproduction, 1/07)

Le passionnant Love Story aux multiples approches rythmiques et mélodiques avait mis la barre très haut l’an passé chez EC Underground, mais si cette fois le Chilien Autotel se recentre sur une dynamique plus techno, c’est toujours avec une belle élégance que l’autodistribué Sequencer déroule ses motifs plus ou moins percussifs et polyrythmiques (Percmachine, Hello), hypnotiques (les minimalistes Old Groove et General Tern) ou planants (Maullín). Un nom à suivre assurément !



- Why Patterns - SCREAMERS (Human Worth, 11/07)

Composé de membres du combo sludge/post-metal Wren (Seb Tull à la guitare), du groupe indus/noise à géométrie variable Warren Schoenbright (Dan McClennan à la batterie) et d’un certain Doug Norton au micro, le trio londonien Why Patterns donne suite ici à son premier opus de 2022 avec un concentré de sauvagerie libertaire et saturée qui devrait le placer assez haut dans l’estime des amateurs de musiques extrêmes versant déglingué cette année, entre punk foutraque, noise rock sans concession et no wave (le chant souvent atonal et régressif jusqu’à l’abstraction), pour résumer.



- Julien Ash & Jon Shuemaker - Farewell Solaris (Autoproduction, 4/08)

28 minutes c’est conséquent pour un EP, mais inhabituellement concis de la part de Julien Ash (Nouvelles Lectures Cosmopolites) dont les enregistrements dépassent régulièrement l’heure d’écoute. Associé ici à Jon Shuemaker, qu’on avait découvert récemment via cette très chouette sortie électro-rock cosignée par Grosso Gadgetto, il n’est pas pour autant question de mélodies vocales sur Farewell Solaris dont les instrumentaux accommodent plutôt cascades de percussions et claviers divers et variés, magnifiés par les arrangements élégiaques d’Aloïs Lang, second membre de NLC dont les élans lyriques voleraient presque ici la vedette aux deux auteurs crédités.




Bonus :

- Break On Beacons - Bad Blood (IRM Netlabel, 28/06)

On frôle l’autopromo d’où cette mention "bonus", le nouvel opus du duo constitué du Bordelais Innocent But Guilty et du Rennais Valgidrà étant une fois de plus défendu par notre IRM Netlabel... mais ce Bad Blood le vaut bien, avec son electronica ludique aux inspirations éclatées qui devrait parler autant aux amateurs de techno dansante (Catch Up) que de drum’n’bass hypnotique (BKM), de trip-hop mystique (My Tears) que de downtempo insidieux (le morceau-titre). Un généreux EP aux sorties de route stimulantes, qui vient confirmer que les auteurs du kosmische An uninterrupted flow of images, shapes and colors, ensemble comme chacun de leur côté d’ailleurs, ont plus d’une corde à leur arc.




Articles - 07.08.2025 par RabbitInYourHeadlights
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