Le streaming du jour #1015 : Yeti - ’The Oath EP’
Tout va très vite, musicalement, et il n’est pas rare de pouvoir écouter certains disques avant même la date de leur sortie. Aussi, s’attarder, dans cette rubrique, sur un album sorti il y a près d’un an peut constituer une incongruité rapidement contre-balancée par la bonne surprise que constitue cette tardive découverte.
Coassement de volatiles mêlés à une guitare intermittente et quelques paroles disséminées ici et là. Beaks of Emerald, premier des trois morceaux de l’EP, commence de façon tourmentée, presque menaçante. Ce n’est qu’un début. La voix devient de plus en plus hypnotique, les coassements se transforment en plaintes, et la rythmique de la guitare se fait plus rapide. On pense alors à Marnitude, autre formation qui excelle dans ce type de folk tout terrain.
Après Maps, premier album de folk acoustique enregistré chez eux en 2010, Yeti récidivait donc en mars 2013 avec The Oath, EP composé dans une veine similaire. Après le premier titre, c’est Alma Mater qui, toujours, nous hypnotise. Le duo de Corbeil-Essonnes a indéniablement le sens de la mélodie. Ce titre fait, par moments, penser à une face B de Radiohead, époque Ok Computer. Le compliment est de taille mais justifié. Sur cet Alma Mater, tout y est, d’une certaine similitude vocale avec Thom Yorke à l’aspect labyrinthique de la composition.
Enfin, c’est sur Capricorns : Memories que Yeti nous quitte. Le jeu de guitare est épuré et la façon dont celle-ci sonne rappelle tantôt Elliott Smith. Vocalement, au risque de se répéter, c’est à Jean-Rémy Papleux de Marnitude que l’on pense, davantage dans la façon d’utiliser la voix que dans ses sonorités pures, d’ailleurs. Encore plus intimiste, ce morceau est fidèle à la ligne de conduite qui semble être celle du groupe, évoluant entre mélancolie pudique et patience contenue.
Sans prétention, la tête sur les épaules (à l’inverse de la pochette du disque illustrant un paysage à l’envers), le duo français présente, en moins d’un quart d’heure, davantage de choses intéressantes que bien des groupes en une discographie entière. Le premier réflexe consiste désormais à se ruer sur Maps, leur disque initial. Et à attendre impatiemment le suivant.
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