A la croisée des liturgies baroques de la grande époque 4AD (d’His Name Is Alive à Dead Can Dance), des fragiles élégies électro-acoustiques du múm de Summer Make Good et des instrumentaux cinématographiques au lyrisme habité de William Ryan Fritch, ce deuxième album de Maailma élance les cœurs du spleen des insulaires avec ses lamentations folk aux douloureuses ardeurs boisées.

Basé à Stockholm mais originaire de l’archipel d’Åland, petit état de langue suédoise sur la mer Baltique administré par la Finlande et qui compte moins de 30 000 âmes réparties sur 6500 îles, le groupe composé de la chanteuse, violoniste et vibraphoniste Laura Naukkarinen, des multi-instrumentistes Kristian Holmgren et Matti Bye, du percussionniste Henrik Olsson et de leur orchestre de poche connaît en effet certainement la petite musique lancinante de la solitude et de l’isolement.

Privilégiant les sonorités carillonnantes et surannées des piano électrique, clavecin, orgue Hammond, célesta... auxquelles se joignent les cordes exotiques de l’oud ou du banjo et les percus graciles du glockenspiel, du balafon et autres marimbas, Speculum est pourtant tout sauf un album léger, évoquant le folklore de quelque peuplade oubliée des dieux dont le destin tragique irradie des complaintes violoneuses aux crescendos terrassants (avec pour pics d’intensité les élans mystiques de Valtakunta et Tähdistä Kalpeimman) et des suppliques désespérés de Laura Naukkarinen. Le genre de beauté triste qui laisse son empreinte dans les cœurs pour longtemps...