Ouf, on a retrouvé Mogwai. C’est que l’on avait pris peur avec la sortie, en début d’année, d’un Rave Tapes indigne du talent et de la discographie des Écossais.

Depuis la parution de Mr. Beast en 2006, les fans de Mogwai ont pris l’habitude de décliner les sorties de la formation en distinguant les très bons disques de ceux qui s’avèrent être plus dispensables.

Rien d’anormal en somme ? L’originalité de la besogne, puisqu’il y en a quand même une, c’est que les aficionados ne parvenaient plus à se mettre d’accord. Deux écoles s’opposaient donc, une première (à laquelle nous nous rallions volontiers) qualifiant Mr. Beast et Zidane : A 21st Century Portrait de sommets tandis que les seconds voyaient en Hardcore Will Never Die, But You Will un enregistrement majeur.

Rave Tapes aura au moins eu le mérite de mettre tout le monde d’accord : Mogwai était alors à côté de la plaque, ne parvenant à insuffler ni la puissance, ni le sens mélodique habituels à des compositions pataudes.

En ce sens, l’EP Music Industry 3. Fitness Industry 1. est rassurant et démarre fort avec un Teenage Exorcist dont la ligne mélodique se révèlera rapidement addictive. Imaginez le Interpol des premiers disques qui essayerait de se mettre au post-rock et vous obtiendrez, à peu de chose près, l’ambiance que peut dégager ce titre.

Plus ambiant - les guitares mettent trente secondes avant d’arriver, rendez-vous compte -, History Day, avec sa construction permettant une montée en puissance aérienne et progressive, est doté d’une dimension éthérée bienvenue.

HMP Shaun William Ryder ne déroutera pas les fans de Mogwai. Assez classique pour quiconque connaît le répertoire des Écossais, il n’en est pas pour autant convenu et, à l’image de cet EP, il contient, entre ruptures et pic d’intensité, suffisamment d’authenticité et de qualités intrinsèques pour s’élever bien au-delà de l’apathique Rave Tapes.

On n’oubliera pas d’évoquer le remix hypnotique de Blanck Mass ni même ceux de Pye Corner Audio, qui intervient sur plus de sept minutes dans un style assez fidèle à son dernier opus, et de l’excellent Nils Frahm qui, au post-rock de Mogwai, mêle quelques-unes de ses incursions au piano avec l’efficacité qu’on lui connaît.

La tendance était déjà vivace depuis une demi-douzaine d’années mais 2014 semble confirmer la thèse selon laquelle les Écossais ne sont désormais jamais aussi passionnants que sur court-format et dans le cadre de BOs. Avec Earth Division, Les Revenants et donc Music Industry 3. Fitness Industry 1., ils suivent en tout cas une jolie dynamique.