A l’occasion de la sortie du septième album de Singapore Sling, il était temps que nous corrigions l’anomalie que constitue le fait que nous ne nous soyons jamais réellement attardés, dans nos colonnes, sur la formation islandaise.

L’origine géographique de la formation suffira sans doute à titiller la curiosité des inconditionnels de la scène nordique, quand d’autres feront l’impasse sur ce disque, craignant d’y retrouver les envolées vocales d’un Jónsi qu’ils exècrent pour d’étranges raisons.

Aucune de ces attitudes n’est ici justifiée. Singapore Sling tort le cou aux stéréotypes puisqu’il ne propose pas d’icelandic pop, mais plutôt un shoegaze néo-psychédélique à tendance noisy.

Henrik Baldvin Björnsson, la tête pensante du projet, s’est entouré depuis 2005 de Bjorn Viktorsson derrière les fûts, assisté par Sigurður "Siggi Shaker" Magnús Finnsson, muni d’un tambourin et de maracas, lesquels assurent des rythmiques tribales et martiales. Une paire de guitares et une basse complètent le tableau tandis qu’au besoin, le leader assure des parties aux claviers.

Le tableau n’a rien de spectaculaire et les Islandais ne cherchent de toute façon pas à révolutionner quoi que ce soit, si bien que les influences apparaissent clairement. On pense de manière évidente à The Jesus & The Mary Chain, Slim Cessna’s Auto Club ou même au Brian Jonestown Massacre. On ne sera d’ailleurs pas étonné d’apprendre qu’Anton Newcombe est un proche du groupe.

Chaque morceau est doté d’une teinte toute personnelle et explore une direction pouvant aller du noise rock (You Drive Me Insane) à l’alt-country (Who Put The Ebb In The Ebbebbeb), en passant par un rock électrique rappelant le Eels de Souljacker (Absolute Garbage) ou des ambiances psychédéliques influencées par le Velvet Underground (All Your Sins).

C’est probablement cette curiosité associée au talent de compositeur évident de Henrik Baldvin Björnsson et la justesse technique de ses musiciens qui font de The Towers of Foronicity un disque aussi riche et addictif. Loin des clichés auxquels on associe trop souvent les artistes islandais, Singapore Sling poursuit donc son chemin discographique sans guère se soucier d’assurer autre chose que son propre plaisir. Il se trouve que le nôtre est comblé par la même occasion.