Faik - Sharr Mountains EP

1. Stand Up Little Ant
2. Saying Bye Was A Mistake Voir la vidéo Faik - Saying Bye Was A Mistake
3. It Can’t Be The End
4. A No From You
5. Nothing Left To HIde
6. Amber Eyes Voir la vidéo Faik - Amber Eyes

2016 - Mediatone

Sortie le : 10 février 2016

Faik

Dans cette perpétuelle course à la compétitivité, il convient parfois de prendre le temps de poser les armes et de s’asseoir sur le bord du chemin. Au risque d’être vulnérable, certes. Mais il existe des fêlures qui gagnent à être partagées.

Celles de Faik sont assurément de celles-ci. Après le split du combo voici deux ans, l’ancien leader du groupe Fake Oddity s’est lancé dans un tour d’Europe de l’Est qui l’a conduit de la Turquie au Kosovo, deux territoires d’où il tient ses origines, en passant également par l’Allemagne, la Slovénie, l’Albanie ou l’Autriche.

Ce genre de séjour a généralement pour conséquence une réflexion autour de sa propre identité. Ce fut bien le cas ici, les questionnements autour des libertés individuelles ayant particulièrement questionné Faik Sardag.

Par ailleurs, sur le plan artistique, la mue est également perceptible. Aussi, l’indie-pop déclinée par la formation lyonnaise laisse la place sur ces travaux en solitaire à une folk nostalgique mais toujours enivrante. Certains éléments à la croisée des chemins entre country et musique traditionnelle d’Europe de l’Est peuvent aussi s’inviter de manière discrète et ponctuelle. Tel est notamment le cas sur It Can’t Be The End où cette dimension apparait à la fin du morceau, après qu’une rythmique galopante accompagnée d’un jeu affûté de guitare et de quelques chœurs savamment placés lui aient permis de conquérir l’auditeur avec l’un des titres les plus dynamiques de l’ensemble.

Cette influence est toutefois mineure puisque, nous l’avons dit, il est ici essentiellement question de folk. L’univers de Faik rappelle aussi bien ceux de Syd Matters (Stand Up Little Ant et la superbe Amber Eyes) que de Bon Iver sur un Saying Bye Was A Mistake tutoyant la grâce la plus céleste lorsque apparaissent de subtiles cordes sublimant le songwriting de l’artiste.

Également désireux de renouer ponctuellement avec une dimension plus « indie-pop », Faik se permet même de proposer une énergie différente sur un Nothing Left To Hide qui évoquerait presque, de par sa construction, son jeu de guitare et les chœurs mêlés à la ligne vocale principale, le Noir Désir de Du Ciment Sous Les Plaines. Mais comme Faik Sardag ne semble pas être de ceux qui aiment le surplace, il convoque rapidement quelques vents qui le rapprochent davantage des sonorités chères à Beirut.

Les fêlures, disions-nous, méritent parfois d’être partagées. Cela nécessite une vraie dose de courage pour les exposer de manière aussi évidente et ce, malgré la présence d’un voile plus enjoué évitant toute démesure dans l’expression de la mélancolie. De ce courage, disons-le tout net, Faik semble en disposer. Ajouté à une réelle confiance en soi qui se manifeste par l’introspection plus que par l’envie de briller, ce sentiment lui permet d’accoucher d’un premier EP aussi diversifié que réjouissant.


( Elnorton )





Disques - 10.04.2016 par Elnorton