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1. Lost Illusions
2. One Too Many
3. Orlando Voir la vidéo Exploded View - Orlando
4. Call On The Gods
5. Disco Glove
6. Stand Your Ground
7. No More Parties In The Attic
8. Lark Descending
9. Gimme Something
10. Beige
11. Killjoy

2016 - Sacred Bones Records

Sortie le : 14 août 2016

Exploded View

Commençons d’emblée par une facilité concernant ce premier album d’Exploded View : il nous fait parfois penser au Third de Portishead. Une facilité ? Assurément puisque, derrière le projet Exploded View, c’est Annika Henderson qui dirige les opérations. La germano-britannique se lance donc dans la composition après un premier album signé sous l’alias d’Anika lors duquel elle reprenait des titres de Yoko Ono ou Bob Dylan. Le disque était alors produit par Geoff Barrow et les prestations scéniques soutenues par BEAK> en guise de backing band de luxe.

D’où le lien avec Portishead. Vocalement, le timbre de celle qui était initialement journaliste politique n’a pas grand-chose à voir avec celui de Beth Gibbons. Toutefois, cet univers sombre et downtempo mâtiné de krautrock renvoie assez directement l’auditeur vers le versant le plus industriel des Bristoliens (le somptueux Gimme Something dont les basses et la progression pourraient en faire un véritable morceau de Third), voire même – et là, assumons de tomber dans une facilité absolue – BEAK>.

Et au-delà du spectre de Geoff Barrow ? Exploded View est une véritable réussite. Entourée du suédois Martin Thulin derrière les fûts, ainsi que des mexicains Hugo Quezada et Hector Melgareio officiant respectivement à la basse et à la guitare, la Berlino-bristolienne parvient à donner une âme à un ensemble apparemment mécanique.

Là réside probablement la principale réussite de ce disque : entre une voix authentique déchirante d’émotion et des instrumentations froides mais bien senties, l’auditeur est en permanence confronté à la surprise. Une surprise de celles qui recèlent un caractère jouissif. Si Exploded View est un disque résolument sombre et triste, il est tentant d’y revenir régulièrement, non pas dans un élan de masochisme non assumé, mais bien parce qu’il atteint une subtilité émotionnelle rare.

Une performance d’autant plus extraordinaire qu’un certain nombre de pistes a été enregistré en une seule prise, parfois même lors de séquences improvisées. Finalement, au moment d’évaluer ce disque à l’aune de la discographie de Portishead, c’est peut-être Dummy plutôt que Third qui constituerait la comparaison la plus adaptée : si les deux albums n’ont finalement pas grand-chose en commun sur le strict plan musical – à l’exception d’une voix habitée donnant un soupçon de vie à un ensemble plus froid – ils font émerger des solutions assez similaires à plus de vingt ans d’écart. Surtout, ils ont en commun le fait d’être une sorte d’ovni de leur époque, peu de disques antérieurs à leurs sorties respectives œuvrant dans la même dimension. L’album étant déjà sorti depuis quatre mois, les suiveurs planchent probablement déjà sur la copie d’une recette qui n’égalera sans doute jamais la création originale.


( Elnorton )



- 22.05.2016 par indie