Le streaming du jour #1583 : Timber Timbre - ’Sincerely, Future Pollution’

Fort d’une jolie prestation sous le chapiteau rennais érigé dans le cadre du festival Mythos que nous relayions précédemment dans nos colonnes, l’actualité du quatuor Timber Timbre est surtout marquée par la sortie d’un nouveau disque baptisé Sincerely, Future Pollution.

Successeur d’un Hot Dreams que l’on peut considérer comme rien de moins qu’un chef-d’œuvre d’onirisme cinématographique et introspectif aux accents Lynchiens, Sincerely, Future Pollution est marqué du sceau parfois difficile à assumer du ’disque d’après’.

Celui qui devra confirmer qu’il s’agit bien d’une formation contemporaine majeure. En douze ans d’activité, le combo signe pourtant son sixième opus - nous n’évoquerons que pour l’anecdote la formidable bande originale d’épouvante réalisée par Last Ex, moitié du quatuor, dont nous louions précédemment la qualité - signe que ses musiciens sont tout sauf de jeunes lapereaux.

Passée cette contextualisation, que reste-t-il de ce nouveau cru ? Évacuons d’emblée cette question : Sincerely, Future Pollution n’est pas aussi abouti que Hot Dreams. Moins intense, peut-être aussi moins cohérent, il ne boxe pas dans la même catégorie. Pour autant, il n’y a rien de honteux dans le fait de ne pas égaler la tension lyrico-éthérée de ce prédécesseur encombrant et Sincerely, Future Pollution est malgré tout un album de qualité.

La surprise et le contre-pied semblent constituer une recette contre la redite. Aussi, après l’onirisme épuré du Velvet Gloves & Spit initial qui peut être considéré comme le trait d’union avec Hot Dreams, apparaît un Grifting déroutant dans sa production fournie et doté d’un aspect plus aguichant que l’on ne connaissait pas chez les Canadiens. Cela n’en constitue pas pour autant un échec, mais il faut bien avouer que la transition entre ces deux morceaux tient davantage de la rupture que de l’association évidente.

Passé un Skin Tone instrumental, transitionnel et cinématographique, à mi-chemin entre les Tindersticks et l’héritage du side-project Last Ex, les affaires sérieuses reprennent avec un Moment haut en tension, qui s’autorise néanmoins une dernière partie électrique aux accents glam-rock relativement dispensables, puis un Sewer Blues restaurant une tension proche de l’univers d’un Nick Cave qui a d’ailleurs enregistré son Skeleton Tree dans les mêmes studios de La Frette, à Paris.

Suivent le sommet atmosphérique Western Questions, les digressions électriques d’un titre éponyme abouti rappelant Mogwai, un Bleu Nuit aux accents jazzy, et le downtempo Lynchien tourmenté de Floating Cathedral. Lorsque l’on procède à une chronique track-by-track, cela en dit souvent long sur l’aspect "patchwork" dudit disque. Cela ne manque pas avec ce Sincerely, Future Pollution dont les grands moments (Western Questions, Velvet Gloves & Spit et Floating Cathedral en tête) réaffirment le talent bien au-dessus de la mêlée du quatuor au registre indéfinissable, entre folk de crooner et post-rock. Les seuls regrets concernent l’éparpillement des horizons musicaux développés et un lyrisme trop encombré par les années 80. A trop se diversifier par peur de tourner en rond, Timber Timbre rompt avec cette cohérence qui faisait tout le sel de ce prédécesseur définitivement encombrant.


Streaming du jour - 10.06.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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