Aucune honte à se prendre pour Lee Hazlewood (Frontier Man), Harry Nilsson (Take That Call) ou même Burt Bacharach (Limited Edition Heart) quand on a le talent qui va avec, la preuve en 12 titres aux confins de l’americana (Negative Vibes) et de la pop orchestrale (The Club) qui font de ce cinquième opus un petit classique instantané de plus à mettre au tableau de chasse du Gallois Gruff Rhys.

Forcément, ce Babelsberg manquera de fuzz aux oreilles de certains, ou de psychédélisme et de folie pour d’autres, que le pedigree de l’ex Super Furry Animals, même du temps de Candylion, n’avait pas forcément préparés au revival 60s qui semble désormais le faire vibrer. Pour autant, tout n’est pas "classique" même avec un grand C sur le successeur d’American Interior, en témoignent l’échevelé Oh Dear ! aux accents gainsbouriens réminiscents de la période BB ou le superbe Drones in the City mêlant arrangements romantiques d’inspiration cinématographique à une dynamique presque motorik... d’autant que le surréalisme des paroles est toujours bien présent ("For selfies in the sunset / The night’s about to fall / So wake me in the morning / At the beginning of alien dawn" sur le final Selfies in the Sunset en duo countrysant avec l’actrice et mannequin Lily Cole).

L’éclectique Rings Around the World avait révélé il y a 17 ans déjà, via son tube Juxtapozed with U alors qualifié d’excentrique, la fascination du Britannique pour une certaine magie des orchestrations héritée de la pop baroque, il faudra désormais compter sur le bagage d’un musicien enfin prêt à céder sans complexe à ses envies de ferveur lyrique et de violons virevoltants (cf. le féérique Architecture of Amnesia aux faux-airs de comédie musicale d’antan), pour le plus grand plaisir de nos petits cœurs en sucre.