Le streaming du jour #2008 : Rodin - ’Asha’
Du superbe et trop méconnu A Hall of Mirrors, troisième album et chef-d’œuvre absolu de son incarnation abstract hip-hop 2econd Class Citizen, restent les atmosphères mélancoliques (Air O, entre légèreté cristalline et beatmaking plombé), l’aspect cinématographique (l’urgent Mooskura), la proéminence acoustique (guitare notamment sur le tendu Muq Ti) et autres tiroirs mélodiques impromptus (Kamptown) que le Britannique Aaron Thomason, désormais caché sous le pseudo Rodin, frotte au groove assassin des beats et à la dimension dansante des lignes de basse sur cet hommage psychédélique et hypnotique au Bollywood des 70s, plein de samples exotiques et de déhanchements romantiques et rétro qui cachent souvent une musicalité autrement plus complexe (cf. le final Kamina au crescendo presque post-rock).
Toujours assez hip-hop et imagé pour emballer les fans du projet précédent, Asha glisse peu à peu vers un esprit baroque (Kya, Chippy Choppy) réminiscent d’une certaine scène Big Beat des 90s, cette époque où la musique de club se permettait toutes les bizarreries et toutes les transgressions avec une générosité qu’on peine à retrouver aujourd’hui sous les doigts des DJs. Loin d’ailleurs de ne vouloir que faire danser, Rodin nous gratifie de jolis passages plus feutrés, notamment en milieu d’album avec cet enchaînement La La Song / Asha mystique et un brin angoissé, méditatif et aérien pour le premier tandis que le second, plus souterrain, flirte avec le beatmaking polyrythmique profond et syncopé des vieux Massive Attack.
Une introspection de courte durée avant que le disco hindou de Zeeya, le twist urbain à guitares wah-wah et synthés saturés de Shimmy Shimmy et surtout la danse du ventre lancinante et hachée menue du single Rickshaw Roadtrip ne nous fassent sautiller de nouveau sur nos canapés, drop folklo à l’appui pour ce dernier que l’on retrouve sur fond d’images d’époque triturées avec la même truculence par l’Anglais :
Enfin, un mot sur le tubesque Stickfight Music fait de percus vintage, de riffs électrisants et de samples bis joliment décalés qui pourrait être un instru de David Holmes ou pourquoi pas du Beck de Mellow Gold, un joyau de collage bricolo métissé au groove irrésistible qui en 3 minutes en dit long sur les possibilités d’abstraction et d’efficacité de cette nouvelle identité qui n’en est qu’à ses balbutiements.
Prometteur !
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