Deuxième opus pour Constellation du Québecois William Jourdain, Transit dote son dub-ambient organique, entièrement composé sur la base de field recordings enregistrés en forêt, dans des caves et autres espaces urbains désaffectés, d’une urgence inédite par le biais de martèlements au tempo déréglé : une allégorie de notre "hypermodernité" et des déséquilibres humains et architecturaux qu’elle génère.

Déjà fort d’une riche discographie expérimentale majoritairement accessible via Bandcamp, le Canadien en distille ici la substantifique moelle, des textures crépitantes et défaillantes de Bureau 0 au flux tendu très dense de fréquences opaques de Bateau 2 en passant par le ressac micro-dub irrégulier du très beau Bureau 1 et de sa suite aux beats pointillistes Bureau 2, l’orageux Bureau 3 digitalement malmené à tel point qu’on pourrait penser que le disque "saute" ou un Bateau 1 presque "post-techno" aux arythmies rebondissantes sur fond d’abstractions vocales échantillonnées.

Enfin, en bonus séparé sur Bandcamp qui fait écho au gros morceau du disque, ce Registrariat somatique de près de 9 minutes aux affleurements rythmiques incontrôlés, le ténébreux Bureau 4 vient encore en rajouter une couche dans la polyrythmie glitchée, promesse de déstructurations particulièrement ardues pour les futures sorties de cet aventurier sonique à suivre de très près.