n0stradamvs est l’un de ces artistes au nom et aux artworks ésotériques, souvent inconnus au bataillon, que l’on a désormais coutume de découvrir du côté des labels défricheurs Lotophagus Records ou, comme ici, La Voix dans le Désert, cousin hip-hop/abstract du susnommé. C’est à l’été 2022 que le bonhomme (?) a fait ses premières armes, livrant alors, déjà sur le label d’Achères en région parisienne, un premier 4-titres au beatmaking atypique où les rythmiques prenaient encore un peu trop le dessus sur les atmosphères, entre fumerolles ambient, cuivres et piano jazzy. Un premier essai minimaliste apprécié dans ces pages sans pour autant qu’il ne nous ait permis d’anticiper le diamant noir que constitue en ce début d’année sa suite prim0 0ccvpanti, EP toujours mais plus conséquent avec cette fois 7 titres pour une grosse quinzaine de minutes, et surtout bien plus vertigineux dans le malaise immersif et crépusculaire.

Normal nous direz-vous, de ne pas avoir su prédire l’avenir aussi bien que qui-vous-savez, mais le fait est que l’on n’imaginait pas ce projet glisser ainsi d’un hip-hop instru un chouia approximatif à ce genre de pépites anxiogènes à la Scorn (cvlt 0f the 0ct0pvs), un downtempo fuligineux et parfaitement maîtrisé qui permet aux beats, à la fois plus massifs et plus fluides, de mieux s’intégrer à l’ensemble, grâce aussi à une belle densité de production. Avec des morceaux tels que sweet a0vda ou c0ntinv0vs l00p, on pense également aux collaborations de Grosso Gadgetto avec l’Américain Black Saturn, au point de s’attendre à voir débarquer un spoken word vénéneux qui ne dénoterait pas sur de telles ambiances à la fois enveloppantes et malaisantes.

Par moments tellement décharné en termes de rythmique qu’il en lorgnerait presque sur le dark ambient (int0 the tvbe, nem0’s navtilvs), prim0 0ccvpanti marque ainsi l’entrée de son mystérieux auteur dans la cour des grands beatmakers de cet underground foisonnant que l’on défend... en espérant qu’un album vienne rapidement entériner cette belle impression !