Depuis l’admirable dernier album de Nas et avant ça le passionnant Rising Down des Roots, 2008 se cherchait toujours une sensation hip-hop pour aider à tirer les wagons d’un cru jusqu’ici très moyen, qui n’aura guère vu qu’Atmosphere ou les français de Fumuj et Psykick Lyrikah pour tirer véritablement leur épingle du jeu.
On a donc accueilli avec soulagement la semaine dernière une nouvelle livraison du grand DJ Muggs, épaulé cette fois par le flow élégant et incisif du rappeur Planet Asia le temps d’un formidable Pain Language (voir le tracklisting) qui nous permet de renouer avec l’urgence, l’angoisse et le danger des instrus de purgatoire chères au producteur de Cypress Hill et Soul Assassins.
Après la semi-déception de Legend Of The Mask And The Assassin l’an dernier, second volume de ses "versus" qui à l’exception notable d’un God’s Banker tendu et menaçant manquait le plus souvent cruellement de mordant et d’audace malgré les flows particulièrement acérés de Sick Jacken (de Psycho Realm, groupe ami de Cypress Hill) et de leur invité récurrent Cynic (de Street Platoon), c’est aux côtés du premier opus de la série, le superbe Grandmasters (2005) et de son excellente version remixée également estampillée 2007 qu’il faudra ranger cette troisième collaboration des plus percutantes, laquelle accueille d’ailleurs sur son morceau final le deuxième Grand Maître en personne, GZA (fort d’un retour remarqué cet été avec le très bon Pro Tools ) entres autres invités de marque triés sur le volet, parmi lesquels Killah Priest, Prodigal Sunn, Chace Infinite, B-Real de Cypress Hill, Scratch (aperçu chez les Roots ou actuellement en Teo Pterodactyl sur le premier album du super-groupe de hip-hop pour enfants Dino 5 - eh non c’est pas de la blague il y a même Prince Paul et Chali 2na dans le lot !) ou encore... Sick Jacken, qui apparaît également sur un titre.
Car si Pain Language n’est pas particulièrement aventureux, c’est justement pour privilégier l’efficacité minimaliste des boucles parfois épiques (le single 9mm en vidéo ci-dessous, Lions In The Forest, Deadly Blades) mais le plus souvent hautement atmosphériques de DJ Muggs, avec un résultat pas loin par moments de l’abstract comme sur ces transitions bluesy en début d’album qui donnent à celui-ci une dimension supplémentaire, à rapprocher dans l’esprit, au même titre que la mélancolie aérienne du magnifique Drama, du chef-d’oeuvre trip-hop/ambient-rock de Muggs, Dust.
Et en parlant de cette petite merveille parue en 2003, pour pourrez la trouver offerte en téléchargement gratuit au milieu d’une montagne de raretés sur le site de Soul Assassins, de même que... le mixtape de Pain Language ! Qui a dit suicide commercial ?
Pain Language sur myspace -> http://www.myspace.com/muggsvsjacken