Amour, violence et politique pour Patrick Wolf

The Magic Position, troisième album hors-normes du jeune Patrick Wolf, avait imposé sans mal début 2007 ce multi-instrumentiste et songwriter d’à peine 23 ans élevé à l’ampleur lyrique et orchestrale de Scott Walker et aux hybridations décomplexées de Björk. Auteur quatre ans plus tôt d’un Lycanthropy à la richesse musicale proprement inouïe, album concept de pop romantique adolescente construit à la façon d’un conte moderne d’inspiration mythologique (le loup-garou) et traditionnelle anglo-saxonne qui empruntait déjà au jazz et à la musique classique comme à la new wave, la dance anglaise ou l’électro allemande et aux blips des vieux Atari comme aux machines folles d’Aphex Twin, il avait pourtant enfoncé le clou dès 2005 avec le superbe Wind In The Wires qui mêlait cette fois folk, glam et musique de chambre sur fond d’ambient impressionniste à la Fennesz.

Une personnalité musicale aventureuse et bien trempée dont l’esprit de liberté et d’indépendance ne pouvait se satisfaire bien longtemps d’une collaboration avec un label. Adieu donc Loog Records et son envahissante maison-mère Universal, c’est désormais sous sa propre signature Bloody Chamber Music qu’officiera l’anglais avec son quatrième opus Battle. Une structure que tout admirateur de sa musique est appelé à soutenir via le site Bandstocks.com : "ce système va financer Bloody Chamber Music, et donc les sorties physique et digitale de Battle et de ses singles. C’est un jeu excitant auquel nous pouvons jouer tous ensemble ; il vous permet de devenir investisseur et actionnaire de l’album", explique-t-il sur le site. "Vous obtiendrez ainsi les toutes premières copies de l’album en édition spéciale, des privilèges particuliers et des remixes inédits... [il promet même via un billet de blog sur myspace des invitations à ses répétitions ou encore des réservations avant tout le monde pour sa future tournée] et nous pourrons alors conquérir le monde ensemble et démontrer que l’indépendance et l’auto-gestion sont les seuls moyens de sortir du bourbier dans lequel s’est enfoncée l’industrie musicale."

Un brin naïf ? L’avenir seul le dira, mais nous on croise les doigts pour ce noble projet. Quant à l’album, il sera double et devrait paraître au printemps prochain si tout va bien. La première partie a été enregistrée à Berlin avec l’aide d’Alec Empire, légendaire pionnier du techno-punk et de l’électro hardcore avec Atari Teenage Riot au début des années 90 qui pourrait bien en profiter pour rattraper la déception de son dernier album en date, The Golden Foretaste Of Heaven. Pendant la tournée de The Magic Position fin 2007, Patrick, tout juste sorti d’une relation amoureuse, a "révélé [sa] dépression et commencé à attaquer la politique et les gens autour de [lui]", pour finalement faire de cette violence "un disque noise punk agressif", avouait-il récemment au NME. Par opposition, la seconde moitié de l’album reflètera la lumière et la légèreté du "véritable amour qui a pratiquement sauvé [sa] vie".

Premier aperçu du résultat, un mix décoiffant de près de 7 minutes plein de beats affolés et d’envolées lyriques, est en écoute sur Bandstocks.com et présente des extraits de 8 nouveaux morceaux aux univers éclatés et foisonnants comme à l’accoutumée. La voix féminine que l’on entend sur Theseus est celle de l’actrice anglaise Tilda Swinton, narratrice sur 4 ou 5 morceaux de Battle et qui succède ainsi à Marianne Faithfull, présente sur la chanson Magpie de l’album précédent.

...vivement 2009.

News - 13.12.2008 par RabbitInYourHeadlights
 


News // 29 janvier 2011
La vie sourit à Patrick Wolf

Terminés les paris sur Bandstocks pour Patrick Wolf, c’est finalement Hideout Recordings, toute jeune division anglaise d’Universal via Mercury sur laquelle le Londonien vient de signer en 2010 qui distribuera courant mai son cinquième opus Lupercalia (en référence aux Lupercales romaines), anciennement The Conqueror, seconde partie du diptyque (...)