Tunng - ... And Then We Saw Land

Mike Lindsay, Sam Genders et Becky Jacobs sont sur un bateau. Sam Genders tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ?

1. Hustle
2. It Breaks
3. Don’t Look Down Or Back
4. The Roadside
5. October
6. Sashimi
7. With Whiskey
8. By Dusk They Were In The City
9. These Winds
10. Santiago
11. Weekend Away

date de sortie : 01-03-2010 Label : Full Time Hobby

Après trois albums successivement sortis à un rythme effréné entre 2005 et 2007, Tunng revient sur le devant de la scène après avoir repris son souffle et perdu au passage l’un de ses co-fondateurs en la personne de Sam Genders. En résulte une nouvelle dynamique de groupe, ne se basant plus uniquement sur les idées créatrices de son ancien noyau central mais en totale collaboration des uns et des autres. Et la révolution n’est pas des moindres, car s’il s’avère que notre ancien duo originel était à la source des tendances expérimentales habitant bon nombre des anciennes compositions, c’est à présent la légère standardisation des nouveaux morceaux qui semble revêtir un caractère expérimental pour ceux qui n’étaient guère habitués à travailler avec batteries et guitares comme éléments de base. Ce qui, pour nous auditeur, ressemble donc à une œuvre plus accessible devient ainsi paradoxalement le résultat d’un travail acharné à combattre ses anciens démons.
Démarche risquée envers les fans de la première heure, ce … And Then We Saw Land n’en demeure pas moins le fruit d’une mutation artistique parfaitement réussie. Car élaborer une musique plus facilement abordable est une chose, mais y parvenir malgré une évidente et bénéfique complexité des enregistrements en est une autre. Ce quatrième opus de la bande réussit le tour de force d’aller droit au but en empruntant des chemins fortement escarpés. Construites tels des mille-feuilles, la plupart des compositions naissent autour de la superposition d’arpèges en tous genres qui se magnifient entre eux pour atteindre des hauteurs vertigineuses. Pour vous en convaincre je ne vous demanderai qu’une chose : chaussez vos écouteurs et parcourez ne serait-ce que la première minute qui introduit ce Hustle d’entame d’album. C’est fait ? Pas encore ? Alors faites-le s’il vous plaît…

Voilà c’est mieux et si vous venez de le faire via la vidéo ci-dessus, sachez que l’enregistrement studio rallongé est autrement plus remarquable. Vous voilà appâtés j’en suis convaincu, vous pouvez redescendre mais faites bien attention à la marche. Ce tourbillon d’electrofolk épineux qu’est ce … And Then We Saw Land engloutit tout ce qui se trouve sur son passage et semble bien avoir un faible pour les fines percussions et petits détails croustillants qui ornent les atmosphères élaborées. Tout ou presque a été construit selon cette recette de cordon bleu, n’essayez pas la même chose chez vous, vous pourriez vous faire mal. Et comme pour mieux marquer d’une pierre blanche les nouvelles intentions de la bande, les morceaux les plus pop, et donc quelque part les plus inattendus, ont été placés en tête de gondole. Trois créations qui faute de taper dans l’exceptionnel font au moins à coup sûr dans le fort agréable.

Mais c’est avec The Roadside que l’album prend alors une autre dimension et maintiendra ce cap jusqu’au bout, naviguant en pleine rêverie. Et de rêve il en est un peu question car Tunng s’amuse, un peu comme notre cerveau la nuit, à aller piocher dans nos sensations familières pour nous les restituer sous une nouvelle apparence ou au sein d’un environnement inhabituel. Avec October on croirait entendre la rythmique de guitare de José González. Plus étrange avec These Winds, c’est la silhouette de Julia Lanoë de Mansfield Tya qui se dessine sous nos yeux. Et sur Sashimi, qui n’a pas que le nom de japonisant, on jurerait entendre un assemblage de samples issus du travail de Cornelius. Ce dernier morceau qui est l’une des pièces maîtresses de cet opus, trouve même encore plus fort que lui avec By Dusk They Were In The City puisque celui-ci étonne en métissant les bizarreries électroniques de Psapp, cette même basse ronde que l’on retrouve tout le long du dernier Iron & Wine et un riff de guitare électrique venu de nulle part.

Avec une pochette aussi affreuse il fallait bien quelqu’un pour vous attirer dans les filets de … And Then We Saw Land. C’est à présent chose faite. Nul doute maintenant que les douceurs mélodiques de cet album et les qualités d’artisans bricoleurs électrofolk de Tunng feront le reste.

Chroniques - 22.02.2010 par Pol
 


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