Botibol - Born From A Shore

Un jeune homme bien mystérieux qui parvient à rompre la monotonie et trouver l’extase en s’improvisant chef-d’orchestre dans sa demeure. Telle est l’histoire de M. Botibol, personnage central d’une nouvelle de Roald Dahl parue à titre posthume en 1992.

1. Walk Slowly
2. Joe Cow Boy
3. Friends
4. 3 AM
5. A Small Light In The Dark
6. Breakwaters
7. Dancers
8. Through The Mountains
9. Filling A Hole
10. We Were Foxes
11. Arudy
12. Oh Son

date de sortie : 28-02-2011 Label : HipHipHip Records

Nous pourrions disséquer cette nouvelle pendant quelque temps encore, mais, vous l’aurez compris, l’essentiel du propos n’est pas là. C’est un autre M. Botibol qui nous intéresse aujourd’hui. Quelqu’un qui, forcément avec un tel pseudonyme, a bon goût...

Vincent Bestaven est donc un jeune Bordelais qui, après un EP auto-produit en 2009, s’essaye pour la première fois sur un format plus long... Pour l’occasion, il a même abandonné une partie de son nom de scène, le transformant ainsi en Botibol.

Cette particule à la connotation pédante illustrait en effet assez mal la musique du jeune Girondin. Du premier au dernier morceau de Born From A Shore, on est en effet convaincu de l’honnêteté et la modestie de la démarche de son auteur. Et si les influences de Jeff Buckley et de Grizzly Bear semblent assez évidentes à première vue, Botibol ne se contente pas de faire du réchauffé. L’intérêt aurait été assez limité...

Néanmoins, la critique locale lui a déjà collé l’étiquette de "folkeux". Un artiste qui rentre dans les cases, c’est souvent du pain béni pour une promo efficace et sans effort. "Écoutez le premier album du Jeff Buckley bordelais", tel est, à peu de chose, le slogan que l’on a vu utilisé pour mener l’auditeur à écouter la galette de Vincent Bestaven.

Stratégiquement, c’est sans doute rondement mené. Les fans du fils de Tim sont nombreux, et la perspective d’écouter quelque chose ressemblant de près ou de loin à ce que produisait leur idole est forcément alléchante. Mais cette méthode promotionnelle a l’inconvénient d’affirmer des choses (volontairement ?) erronées. Botibol ne surfe pas sur les mêmes eaux que le Californien. Tout juste ce dernier fait-il partie des inspirations du jeune Français (dont quelques relents peuvent être perçus sur Joe Cow Boy ou A Small Light In The Dark) lui ayant permis de construire sa propre personnalité.

Car la véritable identité musicale de Botibol est bien plus complexe que cela. La folk fait inévitablement partie des influences. Le jeu de guitare rappelle parfois celui d’Elliott Smith, période Either/Or (Dancers) tandis que les fantômes d’Andrew Bird planent, de temps à autre, sur cet album tout comme ceux, on l’a largement évoqué, de Jeff Buckley.

Mais à l’écoute de ces douze pistes, on ne peut cantonner l’artiste à ce registre. Lorsque la machine prend de la vitesse, on pense aussi bien à Shearwater qu’à Minor Majority voire parfois même, musicalement, à Catatonia. Autant d’influences variées auxquelles l’ancien M. Botibol ajoute sa propre identité vocale.

Botibol n’est pas le nouveau Jeff Buckley. Tant mieux. Car un esprit rempli d’influences digérées de la plus belle des manières vaudra toujours mieux qu’une quelconque redite...


Album en écoute sur Bandcamp.

Chroniques - 16.01.2011 par Elnorton