Björk - Homogenic

9 ans après sa sortie, Homogenic demeure l’une des pièces musicales les plus impressionnantes des années 90, un micro-univers dense et complexe. Petit retour sur ce grand album de la magicienne islandaise.

1. Hunter
2. Jóga
3. Unravel
4. Bachelorette
5. All Neon Like
6. 5 Years
7. Immature
8. Alarm Call
9. Pluto
10. All Is Full Of Love

date de sortie : 22-09-1997 Label : One Little Indian

Après les inépuisables Debut et Post, où elle épuisait justement en les poussant jusqu’à leurs derniers retranchements mélodiques et sonores les genres fondateurs de sa musique, Björk, partie se ressourcer en Espagne après une triste série d’évènements londoniens (divorce chaotique d’avec Goldie, attentat manqué au colis piégé par un "fan", déchaînement de la presse suite à l’agression d’une journaliste qui importunait son fils...), renaissait en 1997 avec Homogenic, album de recréation musicale autant que personnelle.

Elle y réussissait, avec l’aide précieuse de son ami Mark Bell, leader du groupe électro LFO pilier du label Warp au même titre qu’Aphex Twin par exemple, cette homogénéité à priori impossible entre synthétique et organique, fusion parfaite entre instrumentation traditionnelle (cordes, accordéon) et beats électroniques, où le coeur le dispute sans cesse à la raison.

Construit comme un corps humain avec battements de coeur et respirations, Homogenic, bien que sombre, inquiet voire même oppressant par moments, n’en est pas moins avant tout un album de vie et d’amour, où l’islandaise chante avec foi un amour de la vie capable de perdurer même au milieu des pires difficultés.

Tous les sentiments sont exacerbés, Björk assume ici plus que jamais sa nature extrême et passionnée : manifeste personnel et constat d’échec dans le vibrant Hunter, foi en la plénitude amoureuse dans le bouleversant Jóga, inquiétude pour son couple dans Unravel, feu intérieur et quête de l’absolu dans l’éclatant Bachelorette, reconstruction dans l’apaisé All Neon Like, affirmation de soi et révolte dans le puissant 5 Years, interrogations sur ses erreurs passées dans Immature, appel au réveil des sens dans le détonnant Alarm Call, renaissance aussi douloureuse qu’armée de volonté dans le percutant Pluto et enfin confiance en l’amour et paix avec le monde retrouvées dans le contemplatif All Is Full Of Love final.

Homogenic est un album emphatique et extraverti, là où quatre ans plus tard Vespertine, encore plus beau, sera plus introverti voire par moments replié sur lui-même, plus sobre et introspectif. Depuis, Björk a continué son défrichage musical et sonore dans une optique de plus en plus radicale, d’abord avec le génial Medúlla, album à la voix et album de voix (Robert Wyatt, Mike Patton, Rahzel des Roots), puis avec un Drawing Restraint 9 un peu trop hermétique mais pas exempt de merveilles, comme son morceau d’intro chanté par Will Oldham. On ne doute pas une seule seconde que l’Islandaise continuera longtemps à nous surprendre ainsi, quitte à parfois nous dérouter pour mieux entretenir notre intérêt pour ses trajectoires aussi passionnantes qu’imprévisibles.

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