Inspiré comme le précédent d’un roman de William S. Burroughs et de son écriture volontiers chaotique, ce nouvel album jazz du touche-à-tout new-yorkais interprété en quartette par les habitués Kenny Wollesen (vibraphone), Trevor Dunn (basse) et Joey Baron (batterie) autour du piano lunatique de John Medeski - du trio MMW (Medeski, Martin & Wood) passé par le Masada Songbook en 2008 - œuvre ouvertement dans l’urgence, la rupture, la déconstruction et l’atonalité mais dans une veine nettement plus frontale et homogène que l’aventureux Interzone de novembre dernier, faisant régulièrement surgir au milieu de fulgurances frénétiques dignes de Late Works des réminiscences plus mélodiques des dernières compositions zorniennes pour les Dreamers ou l’Alhambra Trio, évocatrices du spleen interlope ou des divagations opiacées chères à l’auteur du Festin Nu.

On appellera ça pourquoi pas du "free jazz de chambre" et en attendant le prometteur Enigmata pour lequel Tzadik nous annonce un dialogue semi-improvisé des plus barrés entre Marc Ribot à la guitare et Trevor Dunn aux fûts à mi-chemin du free noise et de la musique savante ("Captain Beefheart’s Magic Band meets Arnold Schoenberg", tout un programme), on pourra également jeter une oreille via Spotify aux duos de percussions en liberté de la suite The Satyr’s Play, variations pulsionnelles et mystiques sur les fêtes antiques dédiées aux dieux Saturne et Dionysos sur lesquelles officie le même Kenny Wollesen face cette fois à l’excellent Cyro Baptista (The Dreamers), avec en bonus la pièce Cerberus pour trio de cuivres plus ou moins dissonants mais toujours délicieusement malaisants.

Écouter Nova Express.
Écouter The Satyr’s Play / Cerberus.