Les Stereo MC’s reprennent du poil de la bête

Si les charts anglais et la petite histoire de la pop des 90’s se souviennent surtout des Stereo MC’s pour les singles extraits de Connected et leur fusions tubesques et mélodiques de dance et de northern soul, on aimerait plutôt voir Rob B, The Head et Owen If enfin réhabilités comme les précurseurs qu’ils furent bel et bien trois ans plus tôt en proposant avec le fabuleux 33-45-78 (1989) puis son ambitieux successeur Supernatural (1990) une cartographie visionnaire du futur de la funk, du jazz, du dub et du hip-hop.

Non content de rivaliser de créativité avec les Beastie Boys et la scène Madchester ou d’influencer le Blue Lines de Massive Attack et donc le trip-hop tout entier, le premier allait également préfigurer l’abstract hip-hop ou la drum’n’bass, laissant le soin au second d’ouvrir la voie aux métissages groovesques du label Ninja Tune ou de formations de la trempe de Red Snapper ou Lo Fidelity Allstars, autant dire que sans nos trois Londoniens le visage de la musique moderne serait aujourd’hui quasi méconnaissable... et on exagère à peine.

Pas étonnant que malgré les neuf années qui séparèrent Connected de Deep Down & Dirty sorti en 2001 et au terme duquel Ian Frederick Rossiter (Owen If) quitta le navire vers d’autres aventures, on n’ait jamais vraiment perdu de vue les Stereo MC’s, de l’efficace et atmosphérique Paradise (2005) au gargantuesque mais plus inégal Double Bubble (2008), et que l’on se réjouira quoiqu’il advienne de la parution d’un nouvel opus en septembre prochain non plus via leur propre structure Graffiti Recordings mais sur le label !K7 pour lequel ils avaient compilé l’un des tout meilleurs DJ-Kicks à l’entame de la décennie passée.

Emperor’s Nightingale devrait ainsi bénéficier d’une meilleure exposition que les deux albums précédents qui avaient vu le groupe sombrer peu à peu dans la confidentialité. Quant à la musique, deux singles aux vidéos emboîtées nous permettent d’ores et déjà de retrouver aux choeurs l’envoûtante Cath Coffey, vocaliste récurrente depuis Connected, et viennent témoigner d’une ambition revigorée à défaut de renouer avec l’inventivité des débuts, des arrangements à tiroirs de l’épique Boy avec le "jazzman pop" Jamie Cullum en invité discret à la dance hymnique de Tales incorporant ouvertement et pour la première fois des éléments du dubstep :



"Nous avons vraiment dû réapprendre à faire de la musique, mais quand tu commences à sentir du progrès et que tu t’entends sortir des sons comme tu n’en avais jamais sortis auparavant, ton enthousiasme renaît pour de bon", explique Rob Birch, qui avec Nick Hallam (aka The Head) continue de privilégier une musique intégralement jouée au mélange de sampling et d’instrumentation live cultivé par le groupe jusqu’à son dernier succès Deep Down & Dirty. Le signe avant-coureur d’une renaissance artistique pour les auteurs du mythique What Is Soul ?

News - 01.07.2011 par RabbitInYourHeadlights