Bon Iver - Ancienne Belgique (Bruxelles)

le 27/10/2011

Bon Iver - Ancienne Belgique (Bruxelles)

En Iver, la chenille devient papillon

Après une longue période d’arrêt, me revoici à l’œuvre pour une petite chronique du concert de Bon Iver, hier soir à l’Ancienne Belgique.

C’est principalement cette critique négative qui m’a donné envie de m’y mettre. Je partage une partie du point de vue mais suis assez radicalement opposé au reste. Le tout sur fond de subjectivité, comme il est de coutume pour toute critique bloguesque.

Ma principale impression, qui est celle que j’avais eu à l’écoute de son 2e album, est qu’il a clairement subit une mutation. Cette impression s’est même nettement renforcée en concert. Sachant pertinemment qu’une mutation est à double tranchant, on peut donc se demander si la chenille a pu se transformer en un magnifique papillon... ou pas.

Éléments de réponse donc avec le passage d’une configuration à 3 à une formation de 9 personnes : cuivres, guitares, deux batteries, violon, human beatbox, etc. Exit donc les trois accords sur une vieille guitare pouilleuse, la voix larmoyante et les deux acolytes qui tapotent gentiment sur leurs instruments. On a maintenant une flopée de musiciens de haut vol qui donnent une puissance et une chaleur nouvelles au groupe de Justin Vernon.

La grosse majorité des titres de Bon Iver y passent, sublimés par le live et un public bouillonnant au moindre bruissement de cheveux de Justin. Même les altérations de la voix passent très bien en live. Pour le reste, les arrangements sont judicieux et bien exécutés, alternant modes solo (performance de sax totalement survoltée, un beau passage éthéré au violon voire carrément un court extrait de human beatbox), moments d’apaisement musical où les musiciens semblent reprendre leur souffle et envolées orchestrales qui vous font tomber ce qui vous reste de cheveux hahaha ; le tout sous la coupe de la voix de Justin qui a pris pas mal d’assurance depuis 2008.
J’insiste : autant j’aime assez bien l’album autant le live m’aura plus que convaincu quant à cette dernière galette.

Grosses fausses notes sur Beth/Rest, la chanson qui faisait déjà tache sur album (eh oui, la référence de Phil Collins m’était tout de suite venue lors de sa première écoute) et sur la reprise de Björk (Who Is It). Tant qu’on est dans le négatif, mentionnons également les trois chansons de For Emma, Forever Ago qui ont été jouées à la nouvelle sauce. Exemple sur Skinny Love en rappel, où tout le groupe se rejoint autour de Justin, clappant des mains quasi façon gospel (j’exagère sans doute mais c’est comme ça que je l’ai ressenti). Essayez de faire rentrer un papillon dans un cocon, ça va pas le faire ! On ne peut pas lui en vouloir de rejouer les anciennes chansons qui ont fait son succès mais on peut lui reprocher de vouloir absolument les faire évoluer, quitte à ce qu’elles perdent de leur charme. Le choix est pour moi "simple" (attention, je n’oserais pas prétendre pouvoir faire mieux !), soit se contenter de reproduire ces chansons comme elles ont été composées quitte à perdre un peu de cohérence lors du concert (cf. les chansons solo dépouillées qu’interprète Julia Stone en plein milieu d’un concert d’Angus & Julia Stone) ou alors complètement les retravailler pour les emmener dans une autre dimension (comme The Notwist & Andromeda Mega Express Orchestra ou José González & The Göteborg String Theory).

En conclusion, je peux dire que la chenille s’est bel et bien muée en un papillon paré de multiples couleurs chatoyantes. On espère toutefois que la comparaison s’arrêtera là et que ce ne sera pas éphémère.

Setlist :

Perth
Minnesota, WI
Holocene
Blood Bank
Flume
Hinnom, TX
Wash.
Towers
Creature Fear
Re : Stacks
Who Is It ? (Björk cover)
Calgary
Lisbon, OH
Beth/Rest
The Wolves (Act I & II)

Rappel :
Skinny Love
For Emma


( Guismo )

 


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