Le streaming du jour #243 : The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble - ’I Forsee The Dark Ahead, If I Stay (Live)’

Si Denovali fut assurément l’un des labels majeurs de ce cru 2011 comme des deux précédents, TKDE et sa nébuleuse de projets parallèles n’y sont pas pour peu de chose, qu’il s’agisse de White Darkness, dernière incarnation de l’insaisissable Jason Köhnen consacrée à sa veine la plus expérimentale à la croisée du free jazz et du doom, ou The Mount Fuji Doomjazz Corporation, passé en l’espace de deux ans des sombres évocations charnelles du lancinant Succubus aux drones plus austères et abstraits mais tout aussi malaisants d’un Anthropomorphic digne dans ses meilleurs moments des pièces les plus claustro de Ligeti.

Néanmoins, c’est par un retour aux sources que le combo néerlandais a décidé de terminer l’année en nous révélant via Bandcamp son tout premier enregistrement live. Téléchargeable à prix libre, I Forsee The Dark Ahead, If I Stay balaie en l’espace de neuf pistes dont un medley de 10 minutes les trois albums du combo - avec une préférence marquée pour les deux premiers sans doute mieux rodés en concert que le récent From The Stairwell - mais également le superbe EP Mutations de 2009 le temps d’un Symmetry Of 6’s nettement plus martial ici, le double single Black Wing Butterfly/Goya offert à l’époque avec Here Be Dragons et même Senki Dala, remix jazzy de Venetian Snares signé en 2006 par Jason Köhnen en solo sous son identité breakcore, Bong-Ra.

L’occasion donc de retrouver quelques classiques hantés par les vocalises de succube de Charlotte Cegarra tels que le fabuleux et opératique Mists Of Krakatoa ou le plus fantomatique The Nothing Changes, mais aussi de constater à quel point TKDE marche parfois à l’instinct, organisant au rythme de la batterie ou des beats électroniques ses errances darkjazz largement improvisées en de véritables abîmes spiralés, prêts à nous engloutir corps et âme au son des cuivres dissonants et autres drones crépitants (cf. le terrifiant Lobby) avant de nous relâcher dans un inexplicable élan de magnanimité comme au terme des 15 minutes apocalyptiques de The McGuffin dont le tourbillon doomesque finit se désagréger après avoir frôlé l’implosion.


Streaming du jour - 16.12.2011 par RabbitInYourHeadlights