Working Class Heroes consortium : Avatarium

Des festivals musicaux, hors et dans nos frontières, ce n’est vraiment pas ce qu’il manque. Il y en a des tas, des petits, des gros, des spécialisés, des généralistes, des durables, des plus éphémères... Alors pourquoi parler de celui-ci plutôt que d’un autre ? Sans doute parce que l’affiche qu’il présente est déjà en soi des plus intéressantes : pour sa treizième édition, le festival stéphanois Avatarium aligne sur trois jours, fin mars, une programmation à la fois fureteuse et pointue : de la noise polyrythmique aux racines africaines de Cut Hands au techno-punk martial et sidérurgiste des activistes Muckrackers, du boom-bap anxiogène et habité d’iconAclass à la noise écorchée et fulgurante de Conger ! Conger !, en passant par la mixture afro-jazz-punk-expérimentale (pour faire vite) de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp ou encore le hip-hop classieux d’Iris & Arm entre autres réjouissances (le programme complet est visible ici).

Pourquoi en parler ? Sans doute aussi parce que l’Avatarium, loin de n’être qu’un énième festival sans âme où les Specials reformés pour le meilleur peut-être mais surtout pour le pire côtoieraient sur scène la techno péripatéticienne de David Guetta, se déroule dans un lieu, le Musée de la Mine de Saint-Étienne, qui n’a pas été choisi au hasard, un lieu qui représente le fil rouge de l’Avatarium de par l’histoire qu’il véhicule - en gros celle de la désindustrialisation de la France, le chômage et les luttes sociales qui l’accompagnent - une histoire triste sans doute mais qui, quoi que l’on pense, quelle que soit la manière dont on se situe, nous concerne tou(te)s. Dès lors, en plus de son affiche racée, le festival Avatarium propose son lot de conférences elles aussi pointues (intervention du sociologue Julian Mischi, de l’équipe pluridisciplinaire du GREMMOS, table ronde en compagnie des Lorrains pré-cités de Muckrackers) et de projections de documentaires militants (dont Longwy La Rouge d’Eric Molodtzoff qui dresse un bilan sociétal de la disparition des usines dans la région de Longwy) qui viendront agrémenter la journée du samedi. Bref, on peut ne pas venir au Musée de la Mine que pour sa programmation et c’est bien ça qui fait toute la différence.

De la musique, des idées, que l’on n’aime pas l’une, on se rabattra sur les autres et réciproquement mais quoi qu’il en soit, il y aura beaucoup à entendre, à voir, à lire et à réfléchir pour peut-être donner l’envie d’avoir beaucoup à faire. Un seul mot d’ordre : du 28 au 31 mars, tous à Saint-Étienne, c’est Kim Jong-un qui le dit...

News - 25.01.2012 par leoluce