Le streaming du jour #394 : Terrain de Jeu - ’Tout est affaire de sens’

Dès le bien-nommé Dans mon monde qui voit son auteur pirater d’une voix chevrotante dans un grand brouillard d’échos et de discordances le poignant Hallelujah de Leonard Cohen version Jeff Buckley, on comprend que Gagoun a mis énormément de lui-même dans ce premier album de Terrain de Jeu offert en libre téléchargement via Bandcamp.
Un trop plein d’idées et d’émotions balancées pêle-mêle dans l’urgence comme l’avoue lui-même humblement notre Arrageois, mais au sein d’un tout cohérent dont la construction quasi narrative n’en révèle pas moins suffisamment de maturité et d’ambition pour élever Tout est affaire de sens bien au-delà du commun des premiers enregistrements maison.
On trouve dans ce disque de la folk lo-fi hantée par des chœurs susurrés et autres effets en tous genres, du rock tribal mâtiné de psychédélisme, du doom metal vrillé de drones lancinants, de l’ambient morbide et hypnotique, quelques bribes de free noise et de field recordings, une ou deux mélopées approximatives autant qu’habitées et même la prose neurasthénique d’un slam existentialiste, mais ne nous demandez surtout pas comment tout cela s’est organisé pour accoucher de ce fascinant OVNI sans jamais flirter avec aucune dérive arty. Un éclectisme à fleur de peau qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les multiples directions explorées par le blog Indie-vaut-mieux-que-deux-tu-l’auras dont notre bonhomme est l’un des talentueux tauliers (le second officiant discrètement dans nos pages).
Mais nulle question de copinage à IRM et ceux qui ont eu la chance de vivre les grandes heures du label Lithium ne douteront pas davantage de notre sincérité que de celle de Terrain de Jeu à l’écoute de ces errances mélancoliques aux confins de l’introspection et de cette inquiétante étrangeté chère à David Lynch, qui se termine sur l’exutoire poétique et cru d’un récit abstrait en trois parties dont Expérience ou Programme à leurs débuts, toutes proportions gardées, n’auraient sûrement pas renié le final en liberté, sorte de croisement narcotique entre Le Jour Est le Brouillon de La Nuit et Pour Ceux qui Aiment le Jazz.


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