Sur le tout récent Formeg : EP, rien de plus qu’un intitulé sur fond immaculé pour illustrer la cover à l’aune de la blancheur tout aussi imposante de ses radiations drone-ambient. Cette fois néanmoins, seul subsiste un tilde, symbole à n’en pas douter de l’ondulation des flux et reflux du titre qui irriguent ces marées d’outre-rêve, mais aussi qui sait de l’opposition entre la densité majestueuse et solaire des paysages sonores de l’Anglais et le dénuement instrumental qui préside à leur création, de simples guitares (acoustique, électrique, basse, lap steel ou jouée à l’archet) associées au bruit du ressac dans le cas de ce nouvel EP autoproduit et distribué à 25 exemplaires CD.

Moins désincarné que son prédécesseur par-delà ce sentiment d’éternité propre à l’univers de Chris Weeks, The Ebb & Flow dévoile une tout autre forme de mélancolie, presque romantique dans sa conscience de la tragédie à venir (cf. le somptueux Wave II et ses traits de sagesse dissonant dans les limbes). Car qui a vu l’infini sait d’autant mieux oh combien fugace et précieuse peut être la moindre de ses joies, de ses peines ou de ses sensations, et de l’espoir diffus de Wave I à la sérénité résolue de Wave VI en passant par l’abandon complaisant de Wave III ou le blues flâneur de Wave V, rares sont ceux à avoir si bien su transposer ce sentiment d’éphémère en quelques nappes et accords épurés.