Le streaming du jour #1072 : Room 204 - ’Maximum Végétation’

Dans la famille Kythibong, le label nantais aux 10 années de productions noise-rock, je demande le papy, celui qui a mis sa graine le premier pour fonder une vaste descendance de cancres mal coiffés, et qui ne quitte jamais son vieux pull jacquard ringard. Paru hier, Maximum Végétation voit le duo Room 204 constitué du guitariste Mric Chaslerie (qui gratte aussi avec Papaye) et Pierre-Antoine Parois (qui tape aussi dans Papier Tigre) s’affubler d’un troisième larron, Nicolas Cueille (qui a momentanément lâché les game boy de Seal Of Quality) pour un quatrième album placé sous le double signe improbable de la nature et du metal. Après plus de 10 ans d’existence, le désormais trio continue de tracer le sillon noisy qui le précède tout en l’engageant dans des ramifications inattendues... Un retour rafraîchissant.

Il est parfois difficile de distinguer à l’aveugle les groupes de la maison Kythibong tant les sonorités de ses albums et les intentions de ses membres se rejoignent et forment une unité. Mettez Room 204 à côté de Papaye par exemple (avec Mric au milieu pour faire la jonction) et la ressemblance peut sembler troublante : même formation, mêmes sonorités, même sens de l’humour... Mais c’est justement en rapprochant ce qui paraît identique que se dégagent les marques d’une identité. Room 204 se distingue ici par ses mises en place metal, ses clins d’œil amusés au hard-rock disséminés dans ses riffs de guitare, sa batterie rigide et désarticulée (le jeu si particulier de Pierre-Antoine Parois dont on a souvent l’impression qu’il peine à tenir le rythme, mais qui parvient toujours à maintenir jusqu’au bout l’intensité), et ses compositions arithmétiques, imprégnées de noise.

Mais c’est surtout par des mélodies alambiquées et dissimulées en un entrecroisement savant de guitares que Room 204 sait surprendre. La touche metal 8-bit qu’apporte le doux-dingue de Seal Of Quallity n’est pas pour affaiblir l’ensemble, au contraire, elle le rend plus viscéral, tortueux, même si l’album est moins déconstruit que ses prédécesseurs. Il s’écoute d’une traite. Entrecoupés de cui cui reposants, les morceaux se ressemblent, se répondent, se prolongent mutuellement. Il faut se les remettre pour en percevoir les subtiles nuances.

Il n’y a donc pas de raison de blâmer ce qu’il faut appeler la cohérence du label plutôt qu’une redondance (cette homogénéité qui fait qu’on confond ses rejetons), car elle relève d’une dynamique de multiplication des pains, dont résulte une scène identifiable de loin, qu’on aime retrouver un peu tout le temps même, un peu tout le temps différente. C’est d’entendre à l’œuvre cette énergie créative à chaque fois renouvelée qui donne tout son sel aux multiples écoutes de ce Maximum Végétation, qu’il faudra bien sûr compléter par la singularité du live (car le trio tourne actuellement !).


Streaming du jour - 29.04.2014 par Le Crapaud
... et plus si affinités ...
Room 204 sur IRM