De moins en moins white et de plus en plus out, le quatrième volet de cette superbe série entamée par l’Allemand Sascha Lemon il y a près de trois ans comme une incursion aux abords du glacial ambient met définitivement les bouts, décollant pour l’espace à coups de beats sci-fi et de fourmillements cosmiques sans pour autant se départir de la dimension immersive inhérente à ces compositions hors format.

Étonnamment peu prolifique cette année à l’exception d’une paire d’EPs mineurs qui défrichaient déjà timidement cette direction deep et minimaliste (en particulier Cryo), LPF12 transcende ici les sonorités futuristes de ses meilleures sorties IDM au profit d’une approche nettement plus progressive jouant sur l’étirement du temps, tout en foisonnement de blips cybernétiques et nappes de drones hiératiques tantôt contemplatifs ou inquiétants (assortis de beats downtempo sur le très épuré Ecozone).

Whiteout 4 renoue ainsi avec des morceaux allant de la bonne demi-heure à l’heure complète sur près de 90 minutes de spatial ambient aux pulsations électroniques évocatrices de quelque station orbitale en perdition, cimetière volant à la Solaris (le grand Cliff Martinez, metteur en son de la version Soderbergh, n’étant d’ailleurs jamais très loin) décimé par un mal inconnu dont l’auditeur serait seul survivant.

L’occasion de retrouver ce goût de l’isolationnisme commun à une série déjà ouverte aux quatre vents, cette fois dans une veine cinématographique dont on appréciera les lentes montées de tension en milieu confiné, les paradoxales errances claustrophobes sur fond d’étendues infinies et autres atmosphères de survival technologique (le rythme s’accélère alors, sur The Gap And The Distance, pour flirter avec une drum’nbass feutrée), à moins bien sûr d’être un ayatollah du format pop puisque tout n’est ici qu’impressionnisme et dilution des mélodies dans le néant.