Spray Paint - Punters On A Barge

Spray Paint est de retour et continue à faire ce qu’il fait si bien : du Spray Paint. Noise-indus un jour, post-punk toujours.

1. Ian’s Theme
2. Entry Level Human
3. Polar Beer
4. I Hate Your Paintings
5. Day Of The Rope
6. Yoopy D.B.
7. Soiled
8. Fishing
9. Lower, With Respect
10. Middle Relief

date de sortie : 01-06-2015 Label : Homeless

Quatrième album déjà et pourtant, rien ne change. Toujours ce post-punk dégueulasse et jamais droit qui amoncelle discrètement les décibels et écorche volontiers les blocs de glace qu’il charrie sans arrêt. Les mêmes morceaux majoritairement courts déjà plus ou moins croisés sur les disques précédents, les deux guitares tour à tour aigrelettes et pesantes qui se disputent les derniers lambeaux de chair et la batterie en plastique qui accompagne la pulsation largement mortifère (avec quelques bidouillages électroniques disséminés ici ou là). Et puis, bien sûr, les voix qui étoffent l’architecture pelée et repassent les bords en noir. Sans elles, on aurait parfois du mal à saisir quoi que ce soit dans le fatras du trio texan qui aime balancer nombre d’idées dans les démarcations de ses morceaux. On se dit même que plus ces derniers sont courts, plus ils envisagent les bifurcations, les fractures, les dissonances et les lignes arachnéennes.

Tout ça pour dire qu’on a beau être en territoire connu, la topographie est tellement bordélique qu’on a vraiment l’impression de la découvrir et de s’y prendre les pieds comme au premier jour (de 2014 en ce qui me concerne, à l’époque de l’E.P. Cussin’). Du martèlement joliment martelé, de la dissonance subtilement dissonante, de l’urgence finement tendue, une nouvelle fois, la recette fait mouche et Punters On A Barge s’en vient tranquillement remplacer Clean Blood, Regular Acid (2014 toujours) occupant exactement la même empreinte, substituant ses dix nouveaux morceaux aux douze précédents. On finit par s’y perdre exactement de la même façon, empruntant les micro-bifurcations érigées par Spray Paint pour nous empêcher de tourner en rond. Car si tout se ressemble, tout est également différent.

On sera bien en peine de trouver le moindre point commun entre Fishing et Yoopy D.B. par exemple, l’approximative retenue de l’un s’opposant à la course véloce de l’autre. Les vignettes se succèdent, chacune empruntant une direction différente de celle qui la précède. Dès lors, souvent patraques, elles n’en restent pas moins variées, multipliant les angles d’attaque, distribuant n’importe comment les interventions des uns et des autres. Un coup, une rythmique tendue qui file droit devant alors que la deuxième guitare explore les travers (Polar Bear ou Lower, With Respect et quelques autres), une autre fois, c’est l’inverse et ce sont alors les riffs qui impulsent la trajectoire (l’excellent Middle Relief par exemple, placé en toute fin). Les morceaux sont faits du même ADN mais ne sont pourtant pas de simples décalques et au final, on se retrouve face à un album monolithique mais aux très nombreux reflets.

La vibration est clairement froide, l’architecture d’ensemble associe l’entropie au bien rangé (même si c’est la confusion qui prédomine) et au final, il y a encore là-dedans de quoi se laisser surprendre. On est même très content que Spray Paint n’ait jamais pris le soin de faire le ménage et d’arrondir les angles. Les imperfections demeurent, la saleté est toujours là et la voix reste tragiquement monotone (elle concoure vraiment à la grande étrangeté de l’ensemble). On sent bien que le trio n’a toujours pas envie d’aller voir ailleurs et s’arc-boute sur ses fondations industrielles et noise (peut-être même plus qu’à l’accoutumée, eu égard à la drum machine qui hante quelques titres planqués en milieu de galette). Pour l’instant, on ne s’en plaindra pas. Un peu comme la plage qui orne la dépaysante pochette : c’est toujours pareil mais on y revient souvent.

Cette fois-ci paru chez l’Australien Homeless, Punters On A Barge est, comme ses grands frères, tout à la fois singulier, magnétique et désespérément brillant.

Chroniques - 08.06.2015 par leoluce
 


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