Le streaming du jour #1325 : Piscine - ’Olympique’

Nouvelle saillie math-noise locale balançant ses riffs tronçonneuses contre des armatures rythmiques et carrées en provenance d’À Tant Rêver Du Roi. C’est Olympique, le premier album de Piscine, trio bordelais acoquinant deux guitares à une batterie sous l’égide de sonorités plus électroniques.

Une piscine en plein air, le soleil déclinant à moins qu’il ne s’agisse de la lune, trois majestueux éléphants de mer nageant au-dessus. Pas dedans. Au-dessus. Dans le dégradé des couleurs crépusculaires. Au loin, quelques plongeoirs et pas un seul être humain. Quoi de plus normal quand on s’appelle Piscine, que l’on nomme son album Olympique et que le moindre titre s’inscrit dans le champ lexical ainsi délimité. Et alors que l’on s’attend à une musique plutôt aquatique, paf ! c’est l’accident. Le trio bordelais nage en plein bassin math-rock. Ce n’est pas du tout l’eau chlorée qui l’intéresse mais plutôt les mouvements liés à la nage. C’est saccadé, c’est increvable même si ça ralentit parfois et ça file droit devant en restant bien accroché à son couloir. On s’attend donc à refréner quelques bâillements à l’issue du premier titre en se disant que tous les suivants seront de toute façon du même acabit. Eh non ! Enfin, si un peu mais on ne bâille pourtant pas. La faute à ces riffs majoritairement carnassiers, aux bidouillages électroniques qui se fondent dans l’ossature et, de manière plus générale, à des titres joliment construits. C’est prototypique, certes, mais c’est aussi assez singulier et Piscine a beau convoquer quelques équations chères aux maths, il n’en abuse jamais et n’en garde pas moins sa patte. Olympique est direct mais aussi très minutieux et soigne particulièrement ses fioritures. Dès lors, n’allez pas chercher l’originalité dans les traits principaux quand elle se cache dans les interstices.

Sous haut patronage Hella vs. Lightning Bolt, il serait pourtant injuste de réduire le trio à un vulgaire ersatz. Il y a trop de travail là-derrière, trop de passion. Un petit truc en plus qui saute au visage dès Pediluve, court titre introductif qui délimite bien le propos : des riffs coups de boule, une batterie hachée menue et un clavier caoutchouteux qui explore le bas du spectre. Le titre est plié en moins de deux minutes et donne immédiatement envie de se lancer dans le suivant. Deux fois plus long, MNS est bâti sur une mélodie qui adhère immédiatement à la boite crânienne mais ce sont surtout les petites touches électroniques disséminées ici et là qui font le sel du morceau. Preuve que Piscine aime soigner les détails et balance pas mal de réflexion dans ses structures sans que cela ne nuise le moins du monde à la belle fraîcheur que montre Olympique tout du long. Une fraîcheur qui rappelle un peu celle de Semi Playback et de son sémillant The Album Of The Maturity que l’on aime particulièrement ressortir l’été. La même simplicité apparente, la même immédiateté et pourtant, derrière les atours potaches se cache une démarche mûrement réfléchie. Alors certes, les maths des deux formations ne sont absolument pas gémellaires mais on plonge dedans avec la même jubilation, en témoignent ces Chlore, Eric MOUSSAMBANI ou Brasse Touché-Coulé dont on croque les équations plombées à pleines dents. Tour à tour fuselés et explosifs, exécutés pied au plancher ou jouant sur la corde sensible (à l’image d’un Plongeoir plus introspectif), Piscine introduit au final pas mal de variété dans ses morceaux.

Alors c’est vrai que l’on n’y va souvent que pour les gosses qui nous tannent d’ailleurs pour en construire une dans le jardin, que l’on trouve le maillot réglementaire proprement ridicule parce qu’il nous fait souvent ressembler à un éléphant de mer (n’est-ce pas là d’ailleurs le sens caché de l’intrigante pochette ?), que l’on déteste le chlore qui brûle les yeux lui préférant le sel de l’océan, pourtant, on n’est pas prêt d’abandonner les eaux bleu azur et tumultueuses de la Piscine. Quand celle-ci s’avère en plus Olympique, on l’écoute plus que de raison.

Excellent.


Streaming du jour - 17.07.2015 par leoluce
... et plus si affinités ...
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