Le streaming du jour #1394 : Joe Acheson - ’Marconi & The Lizard EP’

Le Marconi du titre, c’est le pionnier italien des ondes radio longue distance Guglielmo Marconi, inventeur de la radio telle qu’on la connait et accessoirement prix Nobel de physique en 1909. Le lézard, c’est le Cap Lizard, point le plus au Sud des Cornouailles et donc de Grande-Bretagne où le Marconi en question construisit une cabane en 1900 pour expérimenter sur l’envoi de signaux longue distance, et capter au passage le premier SOS de bateau. Quant à Joe Acheson, qui vient d’y passer une semaine l’été dernier afin d’enregistrer ce drôle d’EP commissionné par l’association National Trust for Places of Historic Interest or Natural Beauty pour son projet Sounds of our Shores, vous êtes certainement plus habitués à le croiser du côté de Denovali sous l’alias Hidden Orchestra.

Sur ces 5 titres toutefois, pas d’électronica jazzy aux arrangements capiteux sous perfusion trip-hop et drum’n’bass (ceux qui découvrent, on vous renvoie au fabuleux Night Walks de 2010 et son successeur Archipelago, légèrement plus IDM et un poil moins dévastateur de luxuriance lyrique mais définitivement pas déméritant). Usant principalement comme en témoigne sa cover de sonorités costales et autres bruits naturels enregistrés et bidouillés jusqu’à l’abstraction par son auteur, Marconi & The Lizard ce serait plutôt la rencontre entre les étranges collisions dadaïstes façon collages hétéroclites de feu The Books (que Paul De Jong perpétue brillamment en solo) et la techno à base d’échantillons de bruits samplés que pratiquait Matthew Herbert au tournant des années 2000 (notamment sous l’alias Radio Boy avec l’album The Mechanics Of Destruction). On y entend aussi bien le son des vagues et des cornes de brumes que celui des klaxons et de transmissions radio, signaux de morse et autres boucles de percus naturelles se mêlant aux infrabasses et aux synthés discrets pour générer de fascinants tapis polyrythmiques de pulsations glitchy.

Hautement atmosphérique, le résultat est d’une étonnante musicalité, tant dans les rythmiques au groove irrésistible (le final de Storms & Foghorns et sa version edit au beat plus en avant ne sont pas loin d’évoquer l’Idioteque de Radiohead à ce titre, tandis que Streams & Crickets fait l’effet d’un cartoon sonorisé par Mouse of Mars) que dans les atmosphères qu’elles sous-tendent (une impression de fuite du temps sur le même passage du morceau d’intro sus-nommé). Plus technologique et futuriste tout en conservant de par son matériau de base les mêmes qualités organiques, Sparks & Transmissions et son beat savant flirtent sans complexe avec l’IDM alambiquée, texturée et un peu hantée des géniaux Floridiens Phoenecia. Enfin, naturaliste, mélancolique et dansant à la fois avec son improbable amalgame syncopé de clapotis, de cris de mouettes, de cloches d’église et d’oscillations harmoniques, Birds in the Lions Den ne ressemble qu’à lui et finit de faire de cet intrigant court format l’une des sorties les plus singulières et passionnantes de ces derniers mois :


Streaming du jour - 28.08.2016 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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