Duchess Says - Sciences Nouvelles
Dans la horde actuelle de références, clins d’oeil et autres réminiscences eighties qui nous envahit, un groupe canadien a décidé de faire la différence. Ce groupe, c’est... Duchess Says.
1. Inertia
2. Inertia part II
3. I Repeat Myself
4. Negative Thoughts
5. Poubelle
6. Travaillez
7. I’m an Idea
8. Talk in Shapes
9. Pink Coffin
10. The Family Physicians
Partout autour de nous fleurissent les sons, les visuels, les attitudes du "bon vieux temps des années 80", des shows de vedettes oubliées et même plus sur le retour aux séries télé ultra-référencées, en passant par les synthés cheapos, la vision fluo d’une vie branchée et ultracool, ou la variété chic et bling-bling.
Seulement voilà, pour ceux d’entre nous qui les ont vécues, ces années, le trip nostalgo peut rapidement virer au cauchemar, et on a quand même vachement de mal à s’y retrouver dans cette fascination hébétée que les plus jeunes ont de cette période fantasmée, qui n’a jamais existé, comme dans les clips des innombrables groupes de synthwave, qui nous feraient presque croire que les jeux des ZX Spectrum et autres Commodore 64 étaient le pinacle du visuel et du son électro. Parce qu’il n’en est rien. Essayez de vous amuser un après-midi entier avec un Atari 2600 en écoutant une compil estampillée années 80, vous allez comprendre votre douleur.
C’est le piège intrinsèque de la nostalgie vue à travers le prisme des années et du mythe increvable dans le rock du "c’était mieux avant". D’ailleurs la nostalgie grunge et ’90s commence à pointer le bout de son nez, qu’on se prépare, ça va être terrible, on va venir nous dire que les chemises bigarrées Liberto et Chevignon sont le top de l’élégance, portées avec un jean jaune Cimarron. On en tremble d’avance.
Certains, comme les Duchess Says dont on va bien finir par parler par ici, s’en sortent particulièrement bien en retournant les codes de cette nostalgie en allant y fouiner ce que les autres n’ont pas vu : le côté obscur et sale de la musique de cette décennie. D’autres, comme Kristin Kontrol, ont compris qu’il fallait la délayer dans un méli-mélo intemporel pour en tirer la quintessence de la pop et des productions mid-eighties. Enfin, il y a ceux, comme M83, qui n’ont pas su trier le bon grain de l’ivraie et gâchent leurs créations par un excès de guimauve et de mauvais goût, qui font carrément oublier le travail et la musique qu’il y a derrière, si tant est qu’on puisse encore appeler ça de la musique, tellement ça ressemble plus à un coup médiatique et à un gros doigt d’honneur qu’à un disque.
Ce qu’il y a de jouissif avec un disque comme ce Sciences Nouvelles (vous voyez, on y vient), c’est que malgré le fait qu’il suinte les ’80s par tous les pores, on n’y entend pas les mêmes références ultra-rabâchées par ailleurs. Ici, point de grosses percus ou de synthés à la Miami Vice, point de clips fluo façon action-movies, pas de ninjas moustachus ou de keytar. Ici on a droit à de la grosse basse bien sale (comme sur Negative Thoughts), à du chant façon Lydia Lunch (I Repeat Myself), à de l’ambiance bien plombée comme à Berlin chez Die Haut, à des mélodies et des synthés sombres comme chez X-Mal Deutschland (l’attitude des premiers groupes 4AD n’est d’ailleurs jamais très loin) et quand on entend la même batterie étrange que sur l’ouverture du 1er Sonic Youth (je vous laisse trouver où en écoutant l’album), on sait qu’on est en terrain connu. Parce que oui, les années 80 c’est aussi la no wave et la dark wave et ça, les Canadiens l’ont bien compris.
Mais ils ne se contentent pas de rejouer leur partoche pour faire plaisir aux quarantenaires et autres fans des années 80. Non. Ici, les compos sont audacieuses et les breaks inattendus, ici, on fait des instrumentaux bien sales (Inerta Part II), ici, on a l’impression que tous les instruments sont usés, voire un peu cassés, ici, on ne vous caresse pas dans le sens du poil. Et c’est tant mieux.
2016 a été une année prolifique musicalement. On n’y a pas entendu de disque véritablement révolutionnaire, pas entendu de grandes révélations sur lesquelles miser pour l’avenir, on y a beaucoup pleuré, de décès en déceptions, mais à l’heure où les bilans pop-rock fleurissent sur la toile, on y lit un peu toujours la même chose. Changeons tout (...)
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