Gas - Narkopop

1. Narkopop 1
2. Narkopop 2
3. Narkopop 3
4. Narkopop 4
5. Narkopop 5
6. Narkopop 6
7. Narkopop 7
8. Narkopop 8
9. Narkopop 9
10. Narkopop 10

2017 - Kompakt

Sortie le : 21 avril 2017

Nouveau chef-d’œuvre d’impressionnisme et d’immersion ambient-techno par le maître du genre.

A l’inverse du rêveur voire même par moments presque lumineux Pop, dernier opus avant la mise en sommeil du projet de l’Allemand pour près de 17 ans, les textures de ce cinquième long format forment un brouillard bien plus déliquescent que bucolique (Narkopop 1 et 4), usant plus ouvertement que jamais de ces samples de musique classique que Wolfgang Voigt aime à triturer jusqu’à l’abstraction (Narkopop 2, symphonie ambient-techno en apnée de plus de 11 minutes qui semble convier Debussy à une lente asphyxie), pour un résultat particulièrement hanté (Narkopop 8 et 9 n’auraient pas dépareillé sur la BO de Twin Peaks) en dépit de quelques passages aux synthés plus "lyriques" (Narkopop 6, où affleurent même arpèges de cordes cristallines et de claviers oniriques) - si tant est que l’on puisse ainsi qualifier un quelconque élément de cet édifice pour le moins austère en comparaison de n’importe quel autre type de musique électronique.

En effet, au gré de ses sorties chez Mille Plateaux dans les 90s - label culte, à la même époque, des visionnaires électroniques Oval, Vladislav Delay, Terre Thaemlitz ou encore Alec Empire - laissant place aujourd’hui à sa propre écurie Kompakt dans la foulée de l’exhaustive boxset de l’an passé pour accueillir cette nouvelle livraison inespérée du Colonais, Gas est devenu un genre à lui tout seul, creusant son sillon loin des tendances et des idées reçues. Pulsations étouffées au second plan et nappes analogiques proéminentes, l’auteur de Zauberberg (il y a tout juste 20 ans) cultive ce paradoxe depuis le morceau d’ouverture Heller de son bien-nommé - quoique nettement plus techno - Modern EP de 1995, mais cette fois sur Narkopop, lorsqu’ils ne sont pas totalement absents, les battements se trouvent ralentis à l’extrême (Narkopop 5), perdus dans le lointain (Narkopop 7), soumis à une forme d’érosion qui les voient se fondre peu à peu dans le background atmosphérique des morceaux (Narkopop 8 et 9).

Si vous êtes familiers de la disco de l’Allemand, imaginez l’esprit de l’intro de Oktember A sur l’EP du même nom en 99 ou encore Drei (Untitled 3) sur Köenigsforst la même année, décliné sur l’intégralité du bouzin, en beaucoup plus dense et radiant (cf. Narkopop 3), moins répétitif aussi que l’album sus-nommé. Car il faut bien l’avouer, Gas, sur un disque entier, ça peut parfois être un peu chiant, écueil brillamment évité ici grâce à des harmonies ambient particulièrement mouvantes évoquant le spleen hantologique d’un Leyland Kirby (The Caretaker) voire la dramaturgie décadente des derniers The Third Eye Foundation, jusque dans les trémolos de cordes atténués d’un final de 17 minutes (Narkopop 10) aux beats métronomiques plus en avant.

Probablement le meilleur album de Gas, donc.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 16.04.2017 par RabbitInYourHeadlights
 


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