Le streaming du jour #1720 : Julia Lucille - ’Chtonic’
Originaire de Californie mais Texane d’adoption, Julia Lucille s’est autant inspiré des contrées de l’état du Sud des Etats-Unis que de territoires imaginaires défrichés pour composer Chtonic, son deuxième long-format délivré près de cinq ans après Homing.
S’il était difficile d’attendre une révolution, celle-ci n’a pas lieu. Ce n’était de toute façon pas un souhait, ni une véritable attente, les Texans n’étant pas particulièrement réputés pour leur vocation à couper des têtes, encore moins celles qui bénéficient déjà d’une certaine assise.
Au sein de ce territoire conservateur au sein duquel elle s’est établie,
Julia Lucille a donc pu créer et peaufiner ce deuxième LP pour lui donner une teinte lumineuse. L’artiste, principalement armée de sa six cordes, s’affirme comme une songwriter de choix. Lorsque les compositions tiennent la route et que l’on s’appuie sur une voix aussi gracieuse que la sienne, admettant autant de candeur que de sensualité, il n’y a guère besoin d’ajouter d’autres artifices.
Sur Chtonic, le minimalisme est donc de mise, à l’instar d’un Finery sur lequel les accords délicats de guitare et les vocalises de Julia Lucille font des merveilles et sont progressivement soutenus par quelques effluves digressifs rappelant le OK Computer de Radiohead.
L’artiste semble constamment hésiter entre deux influences : celle des chanteuses aux voix ensorcelantes misant sur le minimalisme évoqué plus haut, et des instrumentations plus rondes et avenantes. En ce sens, le déséquilibre annoncé d’un Plot of Ground aux chaudes guitares rappelant les premiers Phoenix se lovant entre le flux vocal cotonneux et continu de l’Américaine produit paradoxalement une impression de solidité. La force tranquille, en quelque sorte.
Une dimension plus séminale rappelant Air peut même apparaître ponctuellement sur un Eternally dont le picking au rythme martial prend des allures de marche élégiaque et évoque surtout la sensibilité d’Agnès Obel, bien que les cordes soient ici plus discrètes que chez la Scandinave. Elles deviennent néanmoins indispensables à partir de deux minutes et rappellent en ce sens le Citizen of Glass de cette dernière.
Jamais redondante, Julia Lucille se renouvelle et, si son univers peut parfois rappeler ceux de Nico, Emily Jane White, This Is The Kit ou Aldous Harding (la décroissance chamanique du sommet Beneath the Spring en atteste), elle s’impose des relances plus électriques à l’instar d’Ariadne qui s’appuie sur une construction plus complexe pour admettre des circonvolutions enivrantes durant lesquelles l’Américaine semble arrêter le temps et faire tourner l’auditeur en rond avant de repartir vers des sonorités plus pop, agrémentées de cette voix toujours envoûtante à laquelle on reste suspendus.
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