Le streaming du jour #1721 : Esmerine - ’Mechanics Of Dominion’

Depuis la fin du hiatus entrepris en 2005 suite à une paire d’albums initiale, le duo Esmerine s’est élargi et le percussionniste Jamie Thompson (The Unicorns), le bassiste Jéremi Roy et le pianiste/violoniste Brian Sanderson ont rejoint Bruce Cawdron et Rebecca Foon, respectivement percussionniste pour Godpseed You ! Black Emperor et violoncelliste chez Thee Silver Mt. Zion.

Non contents d’avoir accueilli trois nouveaux membres à temps plein, les Canadiens comptent sur la participation d’invités prestigieux. Sur Mechanics of Dominion, Jace Lasek vient jouer de la guitare sur deux titres et assure la prise de son de l’ensemble du disque tandis que Sophie Trudeau s’échappe de Godspeed You ! Black Emperor pour apporter son savoir-faire au violon. Et il ne s’agit-là que de quelques-uns des nombreux invités.

Les deux précédents disques d’Esmerine avaient été unanimement salués par les critiques. Avec une inspiration constante, Dalmak lorgnait en 2014 vers des sonorités orientales tandis que Lost Voices renouait l’an passé avec des constructions plus rock.

La tendance à l’oeuvre sur Mechanics of Dominion est plus ténue et les Canadiens (re)créent des ponts entre néo-classique, post-rock et mouvement baroque. Les cordes d’abord déliquescentes de The Space in Between se marient au piano avant de devenir galopantes pour former une cavalcade effrénée vers un ailleurs inconnu que l’on imagine en friche.

La Lucha Es Una Sola s’étoffe rapidement et l’aspect oriental qui se dégage des vents évoque Beirut avant que les résonances émanant des cordes et percussions de La Penombre ne convoquent un sentiment de désespoir dévastateur.

Transition expérimentale et avant-gardiste, La Plume Des Armes s’étend sur plus de cinq minutes, devançant Que Se Vayan Todos et son ouverture sur un piano cristallin bientôt rejoint par des décharges électriques qui épousent des cordes digressives magnifiées par le violon de Sophie Trudeau, reconnaissable entre mille instruments.

Le post-rock à vents de Mechanics of Dominion précède ensuite le néo-classique au piano d’un Northeast Kingdom ponctué par quelques arrangements de cordes pour laisser place à l’ambient minimaliste d’un Piscibus Maris final qui s’achève avec des cordes aux effluves baroques. Ne s’engouffrant pas franchement dans une thématique particulière comme pouvaient le faire ses deux prédécesseurs, Mechanics Of Dominion gagne probablement en ambivalence ce qu’il perd peut-être en puissance. Nul besoin de le comparer aux chapitres précédents de la discographie d’Esmerine tant il renoue avec les progressions hantées des formations d’origine du duo initial que sont GY !BE et Silver Mount Zion, ce disque poursuit d’une manière différente, moins transgressive et plus ténue, les questionnements d’un groupe qui n’a pas fini de lutter contre les pouvoirs dominants. Brillant.


Streaming du jour - 15.11.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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