Nine Inch Nails - Add Violence EP

Il faut bien l’avouer, les sorties de Nine Inch Nails ne suscitent plus l’excitation de la sphère indé. Peut-être Trent Reznor n’appartient-il d’ailleurs plus à cette sphère depuis longtemps.

1. Less Than Voir la vidéo Nine Inch Nails – Less Than
2. The Lovers
3. This Isn’t the Place Voir la vidéo Nine Inch Nails - This Isn’t the Place
4. Not Anymore
5. The Background World

date de sortie : 19-07-2017 Label : Null Corporation (The)

Après avoir été parmi les premiers, avec Radiohead, à s’adonner au concept du "pay what you want" à l’occasion de la sortie de Year Zero, NIN s’est signalé en sortant des produits dérivés, objets cultes et rééditions à des prix exorbitants, loin de l’idéologie communautariste qui semblait émerger en 2007, en même temps que le combo peinait à produire des œuvres de qualité.

A ce titre, l’EP Not The Actual Events sorti l’an passé faisait figure de bonne surprise, confirmant que Trent Reznor n’était pas (plus) qu’un génial enragé reconverti (avec brio) aux odyssées pianistiques et cinématographiques.

L’actualité de NIN et celles de notre webzine se croisant, nous ne pouvons résister à la tentation de partager la vidéo de la performance de She’s Gone, extrait du précédent EP, retenue pour l’épisode 8 de la troisième saison de Twin Peaks et jouée, comme l’habitude le veut désormais, au Bang Bang Bar dans une ambiance hypnotico-Lynchienne. Forcément.



Sorti à la mi-juillet dans l’anonymat le plus total (on exagère à peine) alors que les réseaux sociaux et l’immédiateté ambiante ont tendance à transformer en événement la moindre déjection d’une ancienne gloire, Add Violence méritait un écho plus large.

Trent Reznor semble aller mieux. Il file le parfait amour avec Mariqueen Maandig, qu’il a épousée en 2009 et qu’il convie (trop) fréquemment à ses projets artistiques parmi lesquels How To Destroy Angels, et n’en fait plus qu’à sa tête. Après les pulsions suicidaires et les cures de désintoxication, l’univers mental de l’artiste est moins torturé. Et ce fut probablement difficile à vivre sur le plan musical.

Comment se recycler lorsque l’on est habitué à disséminer des missives désenchantées et que la vie semble de nouveau nous sourire ? L’équation n’est pas simple, et Trent Reznor a mis du temps à la résoudre. Il aura fallu pour cela passer par l’anecdotique The Slip et l’insipide Hesitation Marks en 2008 et 2013.

Mais il est tout à fait possible d’être légitime comme prêcheur de tourments, même lorsque l’on est quinquagénaire et que l’on a su triompher (au moins provisoirement) de ses démons. Trent Reznor ne produira plus de disques aussi désespérés que The Fragile ou The Downward Spiral mais il reste tout à fait crédible, y compris lorsqu’il évolue dans ce registre industriel.

Il le prouve d’entrée avec Less Than, cavalcade au débit enlevé toute électricité dehors, fleurant bon l’époque du mésestimé With Teeth et enchaîne avec The Lovers dont les blips instables qui lui sont si chers se promènent derrière une instrumentation minimaliste rappelant les effluves de The Fragile qu’accompagnent les chuchotements du chanteur.



Après la transition apaisée que constitue This Isn’t The Place sur laquelle les différentes parties, qu’elles soient vocales ou instrumentales, opèrent par soufflements, la folie qui a toujours jalonné la discographie de NIN réapparaît sur un Not Anymore schizophrénique, alternant l’incantation survoltée sur une instrumentation minimaliste et l’expiation de pulsions violentes sur un fond sonore électrique saturé.

Désormais épaulé dans ce projet par Atticus Ross, Trent Reznor achève cette livraison avec The Background World, odyssée apocalyptique de près de douze minutes, enchaînant en permanence, sous des semblants de faux-rythme particulièrement efficaces, les requêtes à un au-delà auquel il n’a jamais cru et les sur-saturations de drones.

Toujours radical mais jamais caricatural, Nine Inch Nails semble avoir trouvé un nouveau terrain de jeu (mais Trent Reznor est-il capable de jouer ?) qui lui permet de rester productif sans se renier. La formule ne serait peut-être pas efficace sur la durée d’un long-format - quoi que Add Violence s’étend malgré tout sur 27 minutes - mais les deux derniers EPs de l’Américain sont d’une facture tout à fait honnête et même, disons-le tout net, sacrément enthousiasmants.

Un troisième EP, pour conclure ce qui formera une trilogie, devrait sortir avant la fin de l’année mais il ne devrait pas égaler le degré d’agressivité et d’auto-destruction proposé et revendiqué sur ce Add Violence sans doute trop difficile d’accès pour le grand public, quand bien même Trent Reznor l’ait un jour touché au-delà de quelques matraquages subis.

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