Le streaming du jour #1776 : Demen - ’Nektyr’

Avec Nektyr, Irma Orm proposait l’an passé un premier album à la fois onirique et oppressant. Défendu par Kranky, ce disque qui s’étend sur seulement sept titres pour près de trente-cinq minutes est aussi percutant qu’envoûtant.

Difficile de défendre Nektyr autrement qu’en jouant sur les contrastes. Les rythmiques downtempo sont exécutées par le percussionniste Ödman - seul renfort admis par la Suédoise - dans un registre lourd. Lugubre et apocalyptique, le climat qui s’instaure n’incite pas franchement à la fête décérébrée. Il s’agit au contraire d’une musique que certains pourraient qualifier d’austère que contrebalancent néanmoins les parties vocales.

La chanteuse évolue en effet dans un registre parfois lyrique mais toujours onirique. Sa voix évanescente s’efface au milieu des ondes ouatées, rappelant en ce sens les travaux de Liz Fraser au sein des Cocteau Twins.

Ce contraste permanent entre les embardées doom et l’aspect planant du chant pourrait également évoquer, dans une veine moins électrique et plus apaisée, le registre affectionné par Chelsea Wolfe. A l’image de Mea et ses faux-airs du What Your Soul Sings de Massive Attack sur lequel elle était invitée, Sinead O’Connor et surtout une autre Scandinave, en la personne de Jenny Hval, peuvent apparaître comme des influences de Demen.

Atmosphérique, hanté, parfois funèbre mais rendu désarmant par une délicatesse subordonnée, Nektyr est donc un disque bien plus nuancé qu’il ne peut sembler l’être de prime abord, et qui laisse en permanence l’auditeur dans un entre-deux émotionnel où l’espoir percute les ténèbres.


Streaming du jour - 11.01.2018 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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