Le streaming du jour #1639 : Ben Frost - ’Threshold of Faith EP’

A ceux qui doutaient de la pertinence en matière de production du vétéran Steve Albini à l’heure où le rock indé devient un peu plus synonyme chaque année de recyclage pour hipsters sans personnalité, le nouvel EP de l’Australien Ben Frost, impressionnant retour en grâce trois ans après le décevant A U R O R A, vient démontrer que même lorsqu’il est question de séismes digitaux à la croisée de l’électronique, de la noise et de l’ambient, la patte analogique du sorcier de studio chicagoan n’a rien perdu de son aptitude pour exacerber la tension dans un cocon de minimalisme habité.

En témoigne donc ce Threshold of Faith, premier rejeton de deux semaines de sessions qui ont vu le frontman de Shellac passer la musique de l’auteur des géniaux Theory of Machines (2007) et By the Throat (2009) au filtre "d’une panoplie d’amplis dans un studio caverneux" avant de "taillader par intermittence avec une lame de rasoir" ces enregistrements sur bande. Retrouvant un sens du contraste aiguisé qu’il avait malheureusement perdu sur A U R O R A, le pensionnaire du label Bedroom Community toujours basé en Islande le plus clair de l’année parvient enfin à donner corps avec élégance et intensité à ses envies de rêveries cristallines (All That You Love Will Be Eviscerated - Albini Swing Version) et d’échappées stellaires (Eurydice’s Heel - Hades) tout en renouant avec son goût pour les crescendo bourdonnants (Threshold of Faith, The Beat Don’t Die in Bingo Town) et même avec ses racines indus/noise sur un All That You Love Will Be Eviscerated (Lotic Remix) dont les percus schizophréniques et lo-fi se frottent aux même genre d’envolées séraphiques à la croisée de la kosmische musik et de l’ambient stratosphérique.

Meilleure sortie du musicien depuis le dissonant et charnel Black Marrow dont on disait le plus grand bien il y a quatre ans, Treshold of Faith culmine sur l’électro acoustique baroque et spleenétique de Threshold of Faith - Your Own Blood et s’il finit par montrer ses limites un brin néo-new age sur le Mere Anarchy final, même ce reliquat de l’opus précédent parvient à se démarquer de la prétention synthétique (dans l’ensemble) assez vaine et arty dA U R O R A grâce aux textures nettement plus amples et épurées d’Albini, qui parviennent à en souligner les élans de mélancolie. Du meilleur augure pour la suite des aventures du sismologue barbu de Reykjavík.


Streaming du jour - 10.08.2017 par RabbitInYourHeadlights
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