Chicago May fait probablement partie des artistes dont l’univers est le plus pop et immédiat parmi ceux dont nous relayons les sorties. Ce timbre vocal soyeux vient même questionner l’auditeur lorsqu’il apparaît sur La Fille A L’Arrière Des Berlines. Penche-t-on toujours du bon côté en matière de bon goût ?

Comme si de telles règles immuables pouvaient être avancées... Chicago May, qui se revendique comme "une fille pop, une fille trente-trois tours, une fille 16 mm, à la mélancolie qui vous transperce. Ses chagrins, ce sont les vôtres. Ses chansons, elles parlent de vous", se joue des étiquettes comme elle fait slalomer les mots qu’elle manipule délicatement.

Son phrasé est toujours appliqué, anguleux mais paradoxalement cotonneux, mais sa densité est incontestable. Sur chacun des quatre titres de cet EP homonyme, la voix de l’artiste aux yeux bleus occupe tout l’espace. Il faut dire qu’elle est parfaitement soutenue par des compositions dont elle est l’auteur, mais dont la mise en pratique a été déléguée à Jimmy Cappoen pour les parties de batterie, et à Sylvain Texier pour le reste, c’est-à-dire les piano, guitares, claviers, basse et autres percussions.

Ce dernier, plus connu sous le pseudonyme de Last Morning Soundtrack et dont nous vantions les mérites du LP Promises of Pale Nights assure également les impeccables arrangements de ces quatre titres moins candides qu’ils ne le paraissent. Épurées, gracieuses, touchantes et sensuelles, les compositions de Chicago May sauront probablement toucher en plein cœur ceux qui parviendront à entrer en connexion avec la voix de l’artiste.