The Last Morning Soundtrack - Promises Of Pale Nights
Quatre ans et demi après A Silence. A Lack et deux ans après l’EP Ghosts, The Last Morning Soundtrack s’appuie sur son expérience grandissante (de nombreux concerts et le side-project Fragments, notamment) pour ajouter enfin une nouvelle ligne à sa discographie.
1. As Lonely As I Am
2. Our Wasted Sighs
3. Echoes Of Our Days
4. From Now On
5. Rendez-Vous
6. We Might Need An Ending
7. Adrift
8. Your Tomorrows
9. Lovers’ Whispers
10. Home
11. Your Lights
L’attente était réelle puisque notre hexagone n’accouche pas quotidiennement d’artistes aussi brillants. Une partie de son inspiration, Sylvain Texier a pourtant été la puiser ailleurs. Le Breton fait ainsi partie de cette génération qui a été bercée la tête au Nord (en direction d’Oxford), et nourrie par les tourments de Thom Yorke.
Est-ce cette source d’inspiration qui lui a permis de développer une forme de mélancolie, ou l’attrait pour Radiohead est-il né d’un spleen pré-existant ? C’est l’histoire de l’œuf et de la poule, et il importe finalement peu de connaître la réponse, chacune de ces tendances ayant probablement nourri l’autre.
Pour autant, le Rennais n’est évidemment pas resté bloqué sur cette seule influence. En effet, à quoi bon singer une recette déclinée avec autant d’habileté par les mètres-étalons du genre ? Non, Sylvain Texier, derrière son allure chétive, dissimule une identité musicale singulière et affirmée, qui lui permet de participer à d’autres projets collectifs - en plus d’une participation active au sein du trio Fragments, il a assuré les parties de batterie sur le premier EP de Third Mirror, le projet du Girondin Florian Duboé - qui nourrissent son univers personnel.
Après un premier album abouti, Promises Of Pale Nights permet à Sylvain Texier de transformer brillamment l’essai. Mélodies pures et lumineuses, et percussions délicates assurent la richesse d’un opus sans cesse réévalué à la hausse au fil des écoutes tant les subtils arrangements permettent de découvrir des détails et trouvailles sonores qui ne s’offrent pas à l’auditeur au premier abord.
En plus des parties vocales, le multi-instrumentiste assure ici les séquences de guitares, claviers, piano, basse et percussions diverses. Pour autant, The Last Morning Soundtrack n’est pas seulement le projet d’un seul homme, tant le leader du projet sait s’entourer. Il invite ici trois musiciennes qui l’assistent aux cordes frottées (violon, violoncelle et alto), ainsi que deux artistes se chargeant des cuivres clairs (trompette et trombone).
Le mariage empli de majesté entre les arrangements de cordes, la voix et les parties assurées au piano par l’artiste font écho au formidable My Favourite Faded Fantasy sorti en 2014 par l’Irlandais Damien Rice. Rien de plus normal, finalement, puisque le Rennais a, au fil du temps, élargi le spectre de ses influences musicales pour privilégier aujourd’hui la folk.
En ce sens, la mélancolie glacée de Bon Iver, la pop électro-acoustique de Syd Matters ou la pop baroque de Fleet Foxes font également partie des univers avec lesquels The Last Morning Soundtrack partage quelques accointances, que celles-ci se révèlent sur un simple accord, ou sur une ligne mélodique prolongée.
En admettant des influences plus larges, un titre tel que From Now On n’est finalement pas très éloigné des cristallisations polaires de múm, tandis que la pop de chambre de Home rappellera certain des premiers travaux de Half Handed-Cloud, le petit protégé de Sufjan Stevens. Enfin, le grain de voix n’est pas sans évoquer celui du Bristolien Phelim Byrne de Day One.
A l’instar de H-Burns, The Last Morning Soundtrack parvient à exprimer un spleen évident d’une manière délicate. Cela dit, contrairement à son compatriote, Sylvain Texier évite le piège de la redondance. Les trente-neuf minutes sur lesquelles s’étend Promises Of Pale Nights sont définitivement trop courtes. L’auteur crée un panorama froid voire glacial, mais c’est dans un cocon apaisant qu’il nous invite. Spectateur, on observe alors la mélancolie environnante à partir d’un point de vue dénué de tout aspect négatif. Sylvain Texier dresse à la fois ce qui pourrait être le problème et la solution. Et si le génie artistique du Rennais se manifestait par sa capacité à faire de nous ses marionnettes ?
L’allusion dans le titre à l’un de mes titres préférés de Radiohead est certes alambiquée, mais la démarche ne correspond-elle pas, finalement, au contenu de cette année jalonnée par l’horreur, l’incertitude et la puérilité des crêpages de chignon de ceux qui nous gouvernent ? Et sur le plan musical, alors ? Un bon cru, décliné en trois parties, avec au (...)
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