Nick Nicely - Sleep Safari

Depuis la jungle aux faux-airs de Jesus And Mary Chain que constituait DCT Dreams en 1980 et surtout Hilly Fields, hymne de synthpop psychédélique délivré deux ans plus tard, Nick Nicely a fait du chemin. Celui qui est né au Groenland cultivait déjà une bonne dose de post-modernisme en intégrant des scratches à ses compositions douze ans avant que Geoff Barrow n’exploite avec brio le filon, tout en multipliant les contrepieds et relances à base de drum machine.

1. Solar Wind
2. Gliding (Call Centre Splendour)
3. Sound of the Moon
4. London South 2 [Grasscut Remix] Voir la vidéo Nick Nicely - London South 2 (Grasscut Mix)
5. Rainmaker
6. Step Away
7. Ghostdream Voir la vidéo Nick Nicely - Ghostdream (single version)
8. Souvenir
9. Heavens Kate
10. Dance Away

date de sortie : 29-09-2017 Label : Tapete Records

Pour autant, pendant très longtemps, l’artiste n’a rien enregistré d’autre. Après un crochet vers l’acid house au début des années 90, il faudra que Tenth Planet Records incite Nick Nicely à rassembler ses enregistrements sous la forme d’un LP pour que celui qui ne croyait plus en l’industrie musicale finisse par publier son premier album.

Suivront deux véritables longs-formats intitulés Lysergia en 2011 puis Space of a Second trois ans plus tard. Et de nouveau, une période triennale plus tard, c’est avec Sleep Safari que Nick Nicely nous propose un alléchant tour d’horizon de son savoir-faire.

Il est toujours aussi difficile de catégoriser le son développé par l’Anglais tant il se nourrit d’influences diverses. Solar Wind puise ses racines dans le dubstep cher à Burial ou James Blake pour s’ancrer vers un trip-hop astral qui évoque davantage, les plaintes vocales aidant, l’univers de Son Lux.

Cette dimension stellaire constitue probablement le seul point commun des dix morceaux composant ce disque. Nick Nicely pourrait en ce sens être appréhendé comme un fossoyeur de l’espace tant les ténèbres se mêlent aux étoiles. Sur Sleep Safari, rien ne vient bouleverser l’alchimie d’ensemble, mais tout est atypique. Comme ce choix d’intégrer le remix, par Grasscut, d’un morceau réalisé il y a neuf ans par l’artiste.

Ce London South 2 dont il est question ne vient pourtant pas casser la dynamique ni la cohérence alors même que le titre originel n’avait pas grand-chose à voir avec l’univers désormais exploré par Nick Nicely. Après le travail de Grasscut, il ne reste en effet plus rien des effets synthétiques un poil cheap qui venaient se mêler à la douce complexité annexe.


Aux confins permanents de l’abstract, de l’ambient, du dubstep et de l’IDM, le Britannique ne s’embête pas avec les étiquettes. Ce disque est un voile permanent, à la fois lourd et aérien, qui ne sort même pas du cœur mais des tripes. Il est l’exacte transcription des émotions traversées par l’auteur pendant l’enregistrement. Il n’y a ni tricherie ni vanité, si bien que Nick Nicely n’hésite pas à y associer ses comparses, à l’instar de Boars avec lequel il signe un Ghostdream onirique et hanté à souhait.

Le psychédélisme vaporeux de l’artiste explore tous les recoins que lui permettent désormais les technologies synthétiques dont il contournait avec brio les limites il y a déjà près de quarante ans. Rempli de saccades éthérées, Sleep Safari est en tout cas l’une des meilleures preuves que le génie n’a pas d’âge et que l’honnêteté artistique constitue le meilleur des sérums pour décupler une créativité qui semble alors sans limite.


Chroniques - 29.11.2017 par Elnorton
 


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