La liste des labels qui produisent un artiste constitue bien souvent un indicateur significatif quant aux choix de ce dernier. Après une paire d’albums auto-produits en 2014 et un crochet vers le catalogue ambient de Spheredelic, omrr a vu ses deux derniers disques diffusés par Eilean et Dronarivm. Le gage d’une qualité certaine tant ces deux labels font partie de ces défricheurs de talents dont nous relayons avidement les découvertes.

Disponible depuis septembre 2017 via Dronarivm, Devils For My Darling, la dernière réalisation de l’Égyptien est peut-être la plus transcendante. Aboutie, elle permet à Omar El Abd de tisser les fils d’une histoire d’amour imaginaire.

Cela débute donc avec délicatesse sur Quicksands puis un Ink We Spill dont les boîtes à musique enfantines dominent des accords de guitare évanescents et quelques plaintes vocales à peine perceptibles. Petit à petit, quelques difficultés apparaissent néanmoins. La lune de miel est passée et l’horizon s’assombrit, à l’image d’Illicit et ses synthétiseurs nostalgiques épousant une distorsion générale qui se confond dans des field recordings pluvieux.

On ne sait guère quelle conclusion le Cairote souhaite donner à cette histoire d’amour puisque si l’electronica éthérée d’Aquiver et les nappes cristallines de Your Heartless Sky sonnent comme une tentative de réconciliation, le minimalisme de Rotten Poetry et les aspérités d’Eloquent revêtent un caractère indécis que chacun pourra interpréter à sa guise.

Quoi qu’il en soit, l’ambient dépouillée d’omrr à base de guitares étirées, de samples et de field recordings trouve tout à fait sa place dans le riche catalogue de Dronarivm, et l’auditeur ne pourra qu’être emporté par l’ambivalence émotionnelle permanente de ces variations soniques.