Le streaming du jour #1901 : Airiel - ’Molten Young Lovers’

Au pays de l’oncle Sam, le shoegaze n’a jamais été roi. Trop mélancolique et rêveur, parfois considéré - évidemment à tort - comme passif, le mouvement n’a pas trouvé son public dans un pays qui à l’époque hésitait plutôt entre grunge et hip-hop.
Airiel n’en est pas à ses prémices et si The Battle of Sealand, premier album sorti dix ans plus tôt, était déjà à l’honneur dans nos colonnes, ce second long-format n’en constitue pas moins une belle surprise.
Le fait que, un quart de siècle après la déferlante, un combo basé à Chicago s’adonne ouvertement à des sonorités noise-pop que l’Amérique boudait alors en dit finalement long sur l’avance que possédait le mouvement vis-à-vis du reste de la mêlée au début des années 90.
Les boîtes à rythme rugueuses et sèches rappelant le Year Zero de Nine Inch Nails ouvrent un This Is Permanent qui s’étoffe rapidement au gré des vapeurs apparaissant au contact des guitares électriques. Ce débit plus enlevé ne réapparaîtra qu’à l’occasion d’un The Painkillers final aussi enfumé que survolté.
Ne rompant pas avec leur leitmotiv stipulant que "c’est fort, c’est beau et vous pouvez danser dessus", les Américains n’échappent pas à la comparaison avec quelques-uns des piliers du genre. Les textures perméables d’un Your Lips, My Mouth gazéifié évoquent ouvertement My Bloody Valentine tandis que la voix plus claire et les instrumentations plus rêches de Molten Young Lovers ou Inside Out rappellent davantage Ride.
Offrant quelques relatifs changements de cap bienvenus, à l’image d’une transition plus synthétique et expérimentale sur Mind Furnace, ou d’un Sharron Apple à classer entre Broadcast et The Boo Radleys et plus immédiat malgré son voile vaporeux, Airiel remplit à merveille le carnet de commande de ce que pourrait être un disque de shoegaze en 2017.
Cet aspect légèrement téléguidé constitue néanmoins un écueil évident et, pour être honnêtes, nous ignorons encore si le combo évoluera en première ligne ou sera confiné à un oubli propre aux formations de seconde zone. Seul le temps permettra d’affiner ce jugement. L’écoute de Molten Young Lovers, malgré ses airs évidents de madeleine de Proust, constitue néanmoins un plaisir immédiat dont il serait dommage de se priver.


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