Top albums - mai 2019
En mai, on a fait ce qui nous a plu, en gros procrastiner comme c’est pas permis, jusqu’à flirter avec les trois semaines de retard.... du jamais vu ! Résultat, on vous laisse avec cette petite (mais fantastique) sélection pour l’été et l’album du mois reviendra tout début septembre pour un classement estival sur un trimestre entier (et à l’heure cette fois). Bonnes vacances et belles écoutes !
Nos albums du mois
1. Fire ! Orchestra - Arrival
Un nouvel album de Fire ! Orchestra, c’est un événement ! Après ses trois premiers, où l’on voyait le nombre de musiciens se réduire au fur et à mesure (passé de 28 à (seulement !) 14), le collectif suédois, conduit par le saxophoniste Mats Gustafsson et réuni autour du trio free Fire ! poursuit sa mutation. Exit (c’est le cas de le dire, car c’est le nom de leur premier album !) les compositions à rallonge, à rebondissements multiples, labyrinthiques. L’expression de l’orchestre s’est resserrée en même temps que son line-up et s’est structurée, en particulier dans le précédent album, Ritual (chroniqué ici), autour d’un os bluesy où le groove mené par la basse, la batterie et l’orgue se pose et avance avec une évidence et une détermination parfaites. Cette épure permet à chaque musicien ou chaque section, le quartet de cordes d’un côté, les cuivres de l’autre, de prendre sa place, de développer un langage unique, une invention idiomatique permanente qui ne laisse jamais l’auditeur dans l’attente. Au contraire, il faut creuser dans ces introductions instrumentales, tantôt bruitistes ou aériennes, apaisantes ou inquiétantes, pour y saisir tout le sens du dialogue que les musiciens de Fire ! Orchestra mettent à l’œuvre.
Mais c’est davantage encore au chant que ce dépouillement se fait la meilleure place. Ce chant, si surprenant, si étrange, si inventif, on le doit à deux musiciennes d’exception : la chanteuse et actrice vocale Mariam Wallentin, dont les notes suraiguës n’en finissent pas d’étonner et Sofia Jernberg, à la voix rauque et aux glapissements prodigieux, à peine sortie du projet The End, déjà avec Mats Gustafsson. Leurs voix se confondent, s’entremêlent, se distordent, se querellent et forment ainsi une unité dialectique en perpétuelle métamorphose. Elles deviennent irrésistibles lorsqu’elles se prêtent au jeu de la reprise. D’abord avec Blue Crystal Fire de Robbie Basho, puis At Last I Am Free de Chic (qui est davantage une réinterprétation de la version de Robert Wyatt). Deux morceaux à écouter en priorité. Beaux à pleurer.
(Le Crapaud)
2. El-P x Leonis - I’ll Sleep When You’re Dead Remix
Le 4e album d’El-P a ses aficionados. On est aussi en droit de le juger un brin grandiloquent et démesurément ambitieux, presque un versant prog de l’abstract qu’il défendait alors via son label Def Jux, et lui préférer d’assez loin la noirceur épique et futuriste de Fantastic Damage ou les expérimentations jazz/hip-hop d’High Water. Tout ça pour dire que si l’original n’avait pour nous rien d’intouchable, sa version réinventée par Leonis, fidèle au goût du producteur français pour un sampling volontiers rétro-futuriste (EMG, Run The Numbers part 2) mais dans une veine ici à la croisée d’un boom bap bariolé (Drive) et d’un abstract hip-hop cinématographique au lyrisme irrésistible (Up All Night, The League Of Extraordinary Nobodies), fait finalement davantage honneur à la grande époque de Company Flow (Tasmanian Pain Coaster), aux productions du premier Cannibal Ox ou au sus-nommé Fantastic Damage, offrant au flow belliqueux du beatmaker/MC de Run The Jewels des instrus au groove volontiers psychédélique et menaçant (Dear Sirs, le génial The Overly Dramatic Truth), entre deux incursions soul (Run The Numbers part 1) ou blaxploitation (Flyentology, No Kings) qui font par intermittence retomber la tension au profit d’une sorte de décontraction vintage. Au gré de cet hommage offert au libre téléchargement, on sent le bonhomme féru de toute cette scène partie de DJ Shadow et passée par Latyrx (Habeas Corpses) ou Mr. Lif, mais de samples en français (Drive) en clins d’œil lynchiens (la dame du radiateur à la fin de Dear Sirs), l’auteur d’Europa n’en sacrifie pas pour autant ses téléscopages oniriques délicieusement étranges et décalés, hors du temps et des modes (The League Of Extraordinary Nobodies).
(Rabbit)
3. Pile - Green and Gray
Vendredi 16 juin 2017, 4 ou 5h du matin, retour de concert un peu éméché, transpirant et fatigué. Les oreilles comblées, je me souviendrai autant du groupe que du calvaire d’une journée de travail précédée de deux maigres heures de sommeil. Le groupe en question, c’était Pile, venu promouvoir A Hairshirt Of Purpose au El Bar de Mouscron (haut lieu du bon goût musical à la frontière franco-belge) et se jouer de notre sensibilité et de nos follicules. Car avec Pile, tout est affaire de poils tant le groupe est capable de caresser dans le bon sens puis d’ébouriffer dans la minute. C’est l’énergie déployée sous la formule quiet & loud façon nineties, c’est l’intensité et l’électrique dissimulés derrière un brin de mélancolie. C’est un amas, essentiellement d’émotions... à la différence qu’ici avec Green and Gray, les Américains ont décidé de les enrober d’une bonne couche supplémentaire de punk hardcore tumultueux, de riffs dissonants effrénés et Rick Maguire, pourtant capable des plus belles douceurs vocales, se retrouve à cracher sa haine et à hurler. Si Dripping (2012) reste leur plus grand chef-d’œuvre, ce septième et nouvel album, en proposant un sommet de rock anxieux et tendu, lui tient largement la dragée haute. Comme très envie de les revoir !
(Riton)
4. The National - I Am Easy To Find
POUR : La société admet désormais volontiers que l’on critique The National. Pas tout à fait une posture à la mode, la démarche se popularise toutefois sans que l’on n’en comprenne véritablement les raisons. D’accord, les Américains évoluent toujours dans des eaux similaires, bien que Sleep Well Beast se voulait moins ouvertement accessible tandis que ce nouveau cru admet la présence au chant de Carin Besser, compagne de Matt Berninger. Mais comment peut-on reprocher à des quasi-quinquagénaires délivrant un nouveau disque tous les deux ans de ne pas entreprendre une révolution à chaque parution ?
Soyons tout à fait honnêtes, la première écoute de ce I Am Easy To Find n’a pas nécessairement permis de l’apprécier à sa juste mesure. Mais il comportait un goût de revenez-y qui a généré une rotation lourde sur la platine personnelle, quelques sommets du calibre de Quiet Light, The Pull of You, I Am Easy To Find ou Hairpin Turns justifiant à eux seuls l’écoute du disque. Poursuivons la transparence jusqu’au bout, quelques morceaux évoquent parfois l’univers de U2 si bien qu’il s’agit quand même d’un cru mineur pour The National, à classer au côté de Trouble Will Find Me et derrière les chefs-d’œuvre Alligator, High Violet et surtout Boxer. I Am Easy To Find n’est donc pas une pièce majeure de la discographie des Américains. C’est juste un excellent disque et c’est déjà beaucoup. Avec une production plus longue en bouche qu’à l’accoutumée, The National ne mérite clairement pas le mépris qu’une partie des bien-pensants lui accordent.
(Elnorton)
CONTRE : Quand on se voit les cachets que prend The National en festival, un statut qui ne leur permet plus de se produire que dans des Olympia et compagnie (en attendant Bercy en 2022 ?), on comprend vite qu’il n’y a plus rien de très indé là-dedans... et on aimerait bien s’en foutre, mais The National n’est pas Radiohead et le problème c’est que leur musique prend ouvertement le même chemin. Sur la même pente à la U2 (effectivement...) qu’un Shearwater, dès le break vocal radiophonique à souhait de You Had Your Soul with You et plus loin sur un Hey Rosey dont le romantisme de stade est sans équivoque, on sent que les choses sont mal engagées. Ainsi, oubliant le relatif retour en forme de Sleep Well Beast pour mieux marcher dans les traces du sirupeux Trouble Will Find Me que j’avais choisi à l’époque de vite oublier, I Am Easy To Find enterre encore un peu plus le combo d’Alligator à grandes cuillerées de miel et de romantisme de seconde zone (Where Is Her Head, Hairpin Turns).
Quelques jolies mélodies mais redondantes et passe-partout, sans compter que les harmonies vocales des nombreuses chanteuses invitées (dont les excellentes Lisa Hannigan et Mina Tindle - qui hérite de l’étrange Oblivions à mi-chemin du racolage lyrique et du requiem aux chœurs liturgiques - ou la nettement moins excellente Sharon Van Etten sur un The Pull of You dégoulinant) viennent encore passer un coup de polish sur des arrangements où plus rien ne dépasse hormis quelques stridences discrètes dans les orchestrations de Bryce Dessner, sauveur du disque. Pour autant, comme d’habitude, les plus à blâmer ne sont pas les Américains victimes des compromis faciles que le succès peut engendrer mais l’unanimité douteuse d’une presse musicale décidément tout juste bonne à facturer des encarts pub et à dédouaner ses plaisirs coupables auprès d’un lectorat complaisant.
(Rabbit)
5. Institute - Readjusting the Locks
Retour vers le No Future avec le troisième album des Texans d’Institute, Readjusting The Locks, qui est aussi leur meilleur. Immédiat, porté par une pelletée de bombinettes punk-rock pures et sauvages que l’on jurerait débarquer des ’70s agonisantes/80s’ balbutiantes, l’album enchaîne les brûlots sans temps morts (d’ailleurs, le vinyle tourne en 45 tours). Les morceaux ne dépassent jamais les trois minutes, se ressemblent tous même s’ils ne sont pas strictement gémellaires (les claviers de Fooled Again, l’âpreté de Dazzle Paint, etc.) et s’avèrent politiquement concernés (les textes tournent autour des joies du capitalisme conquérant). Là où Readjusting The Locks se démarque de ses prédécesseurs, c’est qu’il donne l’impression d’avoir encore gagné en efficacité : dynamique couplets-refrains véloce et enjouée (quasi-absente jusqu’ici) qui évoque quelque chose comme Mission Of Burma reprenant les Buzzcocks, guitares féroces juste ce qu’il faut pour ne pas flinguer le côté ultra-accrocheur et grande concision constituent l’ordinaire d’un album hautement jubilatoire qu’on écoute fort (très) et souvent (trop). Mais rien à faire, Institute squatte la platine encore et encore comme la crise notre époque de merde et en constitue tout autant le stigmate que le parfait antidote.
(leoluce)
6. Cloudwarmer - the climate detectives study nostalgia and terror in the dreams of middle america
"Sur the weather conspires with you - encore un peu timide cependant, pas suffisamment angoissé - et surtout sur l’album qui nous occupe ici, les ex The Fucked Up Beat renouent avec un certain dynamisme aux boucles hypnotiques, trouvant un équilibre assez fascinant entre instrumentation organique et samples rétro, imaginaire anxiogène et échos d’une histoire parallèle de l’Amérique où conspirations politiques et théories du complot se mêlent aux légendes urbaines, à une SF d’un autre temps et à des terreurs subconscientes devenues pour certaines une réalité. Quelque part entre l’étrangeté ésotérique et habitée de Coil ou Nurse With Wound et celle, plus évanescente et faussement easy listening, d’un Funki Porcini, Cloudwarmer rivalise ainsi de talent et de singularité avec le Français Leonis en terme de collages mentaux empruntant à la musique concrète et de mélange des genres (ici trip-hop, ambient, dub, musique africaine, hip-hop instrumental...) mais s’en différencie sur le fond par cette dimension d’inconscient collectif plutôt que de mash-up intime dont suinte une musique qui en incarne toute la schizophrénie, comme sur la forme par une nébulosité symbolisant la relativité du temps. Une temporalité distordue, malmenée, déconstruite et reformulée par le duo sur cette nouvelle salve d’instrumentaux, qui semble creuser les origines d’un malaise existentiel bien plus actuel : celui d’une Amérique gorafisée qui ne s’explique pas encore totalement sa perte de contact avec le réel."
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(Rabbit)
7. Trigger Cut - Buster
"Buster est le premier long format de Trigger Cut, trio allemand pas totalement inconnu puisqu’il naît sur les cendres encore fumantes de Buzz Rodeo, trio lui aussi, qui avait prématurément mis fin à son aventure en pleine tournée. Ralph Schaarschmidt n’a pas laissé sa guitare prendre la poussière et a immédiatement rebondi en amalgamant autour de lui Sascha Saygin aux baguettes et Daniel Wichter à la basse (qui avait d’ailleurs enregistré le dernier Buzz Rodeo, on reste en famille). Au programme, du noise rock canal historique qui s’il débarque d’Outre-Rhin pourrait tout aussi bien descendre de Chicago. Peut-être pas très original mais extrêmement addictif : guitare, basse et batterie enclument et lacèrent, offrant un écrin idoine pour le chant rugueux et c’est imparable. Secs et tendus, les morceaux très créatifs ne sacrifient néanmoins jamais la petite mélodie sur laquelle ils sont bâtis et ensemble, dessinent un disque tout à la fois urgent, bouillant, contondant et en tout point réussi. Superbe."
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(leoluce)
8. We Only Said - My Oversoul
"We Only Said est un groupe mouvant. My Oversoul, troisième album, diffère ainsi du précédent (le déjà formidable Boring Pools) qui lui-même différait du premier (le plus raide éponyme) tout en gardant intacts les traits principaux : les variations rythmiques, les voix doublées, les longues montées en puissance et les textes ciselés. Les mélodies ont encore gagné en envergure et elles se ruban-adhésivent fortement à l’encéphale. Des ombrageux Go Fast ou Enter The Dark Side au très tenu Smile (version restaurée d’un vieux titre capté sur 4-pistes il y une vingtaine d’années), du plus exploratoire Exp au solaire Shoot Me final, pas un moment au-dessous des autres. On sent bien que la tracklist a fait l’objet d’un soin particulier, alternant passages dépouillés mais pas moins ombrageux (Lies) et moments plus renfrognés à la tension toute électrique (The Way You Show Your Love), de manière à préserver la grande sensibilité de l’ensemble. Cela donne un album magnifique qui rompt quelque peu avec son visuel - une larve sur le bout de la langue - mais s’avère tout aussi saisissant."
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(leoluce)
9. Blackthread - The Way You Haunt My Dreams
"Une scansion lointaine, des nappes éthérées mais enveloppantes, quelques percussions discrètes distribuées avec parcimonie : The Way You Haunt My Dreams ne fait pas de bruit mais accroche durablement. Bien sûr, c’est souvent cotonneux mais ce n’est jamais ectoplasmique, encore moins invertébré et ces dix nouveaux morceaux de Blackthread enregistrés en dix jours (après cinq années de maturation) montrent une vraie tension. Aujourd’hui, on entend beaucoup moins la basse, la sécheresse partout a laissé la place à un voile synthétique qui recouvre tout, l’ossature, déjà pas bien épaisse, s’est encore délitée. On ne reconnaît que la voix qui, pourtant, a elle aussi pas mal changé : le chant pelé s’est transformé en spoken word dans l’intervalle – pelé encore – presque murmurant. Mais avec ces armes minimales, Pierre-Georges Desenfant captive intensément. Tout d’abord, il y a les mots et cette scansion particulière qui les détache les uns des autres, ils claquent et deviennent percussifs, habillent les morceaux, les hantent. Ensuite, les nappes très travaillées et les multiples textures qui se succèdent ou s’amoncellent délocalisent le cerveau, l’extirpant de la boite crânienne pour l’envoyer dans les limbes intérieures qui les a vues naître. Et puis viennent encore les mélodies, hypnotiques, tout à la fois désespérées et solaires. La mélancolie acerbe de Blackthread nous cheville au corps et offre un canal dans lequel on s’empresse de déverser la nôtre."
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(leoluce)
Les bonus des rédacteurs
Le choix de Rabbit : Dag Rosenqvist - Blood Transmission
Plus que celui de son projet From the Mouth of the Sun avec le violoncelliste Aaron Martin dont le lyrisme contrasté irrigue néanmoins ici le cuivré Leave Everything You Love Behind, c’est bien l’univers de feu Jasper TX, associé à des éléments plus méditatifs et acoustiques (cf. l’impressionnisme pianistique de Waters I et Absolutes, l’ambient microsonique de Waters II ou les field recordings évanescents de Waters III), que ravive pour notre plus grand plaisir ce nouvel album du Suédois aux crescendos martiaux et grésillants d’une intensité proprement terrassante (From Lakes to Rivers, A Single Point). Un "post-rock" à nul autre pareil, minimaliste et texturé mais dont l’effet sur les synapses et sur les corps est proportionnel à l’économie de moyens, et qui culmine sur les 9 minutes écrasantes de l’impressionnant From Rivers to The Sea, entre marée de pulsations digitales et martèlement viscéral d’une batterie implacable.
Le choix du Crapaud : Odd Nosdam - BLOO EP
Cette collection de boucles samplées à la truelle, mises bout à bout avec négligence et désinvolture est comme une petite boîte de mignardises dans laquelle on plonge, jusqu’à épuisement, sans se rendre compte du plaisir qu’on y prend et dont on n’a pas vu venir la fin. Sans chi-chi, cet EP qui succède discètement à Mirrors, très apprécié de la rédaction le mois précédent, me touche particulièrement par son côté inabouti, boîte à outils, fond de tiroir. Comme si c’était dans la corbeille à papier qu’on trouvait, en recollant les brouillons déchirés, l’oeuvre fragmentaire et pourtant essentielle d’un artiste. Elle me touche aussi parce qu’elle rappelle les débuts du producteur, aux côtés de Doseone et Yoni Wolf. À déguster sans modération quand on est sensible aux charmes de l’esquisse, du geste mal assuré, incertain et abandonné.
Le choix de leoluce : YC-CY - Béton Brut
"Ce nouveau YC-CY est dans l’exacte trajectoire de ses deux aînés et n’en poursuit donc aucune. Le groupe continue à faire exactement la même chose sans que l’on ne sache jamais vraiment ce qu’il fait ni ce qu’il joue. Néanmoins, la singulière mixture amalgamant noise-hardcore (un peu moins présent), vibrations industrielles et accents arachnéo-post-punk (un peu plus en avant) n’a jamais si bien sonné qu’aujourd’hui.
Les chants montrent toujours une grande altérité et se déploient entre plainte exténuée et vindicte mordante, la guitare frotte, griffe, lacère, tranche en trafiquant ses sons et balance son gros grain mêlé de giclées acides partout, la basse sonne comme une enclume suicidaire et la batterie tabasse le moindre espace laissé vacant en mode patraque ou véloce, c’est selon et à tout ça, il faut encore ajouter une strate de bruits grouillants et indéterminés qui finissent de façonner le Béton Brut.
Si le chaos demeure de toute façon très chaotique, il apparaît toutefois aujourd’hui plus aisé à cerner. Pour autant, il ne s’agit pas d’un YC-CY domestiqué : toujours inattendue, leur noise congelée et singulière reste virulente, fracturée et infiniment variée et ce faisant, continue à faire mal tout en faisant du bien."
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Le choix de Riton : Full Of Hell - Weeping Choir
J’étais vraiment curieux de ce qu’allait donner l’arrivée de Full Of Hell chez Relapse Records et surtout comment les mecs allaient pouvoir faire mieux que l’excellent Trumpeting Ecstasy, comme peur de se retrouver avec quelque chose de plus propre et lissé comme beaucoup de projets grind du catalogue en question. Que nenni ! Le groupe continue à cracher sa hargne, sa haine, sa propension à tout terrasser sur son chemin à coups de riffs dissonants coincés entre death metal, noise et powerviolence, dont Spencer Hazard s’est fait le spécialiste. La cerise sur la forêt noire, c’est bien évidemment l’intervention de la superbe Kristin Hayter aka Lingua Ignota (entre autres guests), pour une gâterie de black sympho bienvenue agissant comme une bouffée d’air frais, et un solo de saxophone aliénant exécuté par le bassiste Sam DiGristine. Seul problème : seulement 25 minutes passant beaucoup trop vite, quand en plus l’élan vient être coupé par un interlude harsh, certes délicieux, mais sans doute mal placé. Quoi qu’il en soit, si ce n’est évidemment pas le meilleur, Full Of Hell fait encore une fois bien mal !
La playlist IRM des albums et EPs de mai
Les tops des rédacteurs
Le Crapaud :
1. Fire ! Orchestra - Arrival
2. Pile - Green and Gray
3. El-P x Leonis - I’ll Sleep When You’re Dead Remix
4. Trigger Cut - Buster
5. The National - I Am Easy To Find
6. Siskiyou - Not Somewhere
7. Cloudwarmer - the climate detectives study nostalgia and terror in the dreams of middle america
8. Wren Dove Lark - A Boy’s Guide To My Galaxy
9. Efrim Manuel Menuck & Kevin Doria - are SING SINCK, SING
10. We Only Said - My Oversoul
Elnorton :
1. The National - I Am Easy To Find
2. Com Truise - Persuasion System
3. El-P x Leonis - I’ll Sleep When You’re Dead Remix
4. Efrim Manuel Menuck & Kevin Doria - are SING SINCK, SING
5. We Only Said - My Oversoul
6. Siskiyou - Not Somewhere
7. Wren Dove Lark - A Boy’s Guide To My Galaxy
8. Cloudwarmer - the climate detectives study nostalgia and terror in the dreams of middle america
leoluce :
1. Hibushibire - Turn On, Tune In, Freak Out !
2. Institute - Readjusting the Locks
3. Blackthread - The Way You Haunt My Dreams
4. YC-CY - Béton Brut
5. We Only Said - My Oversoul
6. Pile - Green and Gray
7. Hey Colossus - Four Bibles
8. Trigger Cut - Buster
9. Fire ! Orchestra - Arrival
10. Alber Jupiter - We Are Just Floating In Space
lloyd_cf :
1. The Warlocks - Mean Machine Music
2. Vague Scare - Dissemblance
3. Institute - Readjusting the Locks
4. Haelos - Any Random Kindness
5. Shitkid - [DETENTION]
6. Apex Manor - Heartbreak City
7. Patience - Dizzy Spells
8. Okinawa Electric Girl Saya - Chastity
9. Death and Vanilla - Are you a Dreamer
10. The National - I Am Easy To Find
Rabbit :
1. Fire ! Orchestra - Arrival
2. William Ryan Fritch - Deceptive Cadence : Music For Film Volume I & II
3. Dag Rosenqvist - Blood Transmission
4. Franck Vigroux - Totem
5. Cloudwarmer - the climate detectives study nostalgia and terror in the dreams of middle america
6. Blackthread - The Way You Haunt My Dreams
7. Kevin Richard Martin - Sirens
8. El-P x Leonis - I’ll Sleep When You’re Dead Remix
9. Astrïd - A Porthole (I)
10. Dope KNife - Things Got Worse / Okinawa Electric Girl Saya - Chastity
Riton :
1. Fire ! Orchestra - Arrival
2. Full Of Hell - Weeping Choir
3. Pile - Green and Gray
4. Golden Ashes - Gold Are The Ashes Of The Restorer
5. El-P x Leonis - I’ll Sleep When You’re Dead Remix
6. Senza - Even a Worm Will Turn
7. Okinawa Electric Girl Saya - Chastity
8. Trigger Cut - Buster
9. Cloudwarmer - the climate detectives study nostalgia and terror in the dreams of middle america
10. We Only Said - My Oversoul
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Pile sur IRM
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Institute sur IRM
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- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- One Far West - Heliacal Risings
- Feeling Flying - Spirit Level
- Glacis - This Darkness From Which We Cannot Run
- Glåsbird - Fenscapes
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- Roger Robinson - Heavy Vibes
- John Thomas Remington - Pavements EP
- EUS - Vergel
- Seefeel - Squared Roots EP
- Eli Tha Don & Hot Take - Ghetto Beethoven
- Masayoshi Fujita - Migratory
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- The Sombre - Like a dream without light
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons
- Luneta Freedom Jazz Collective - Mga matang pumipikit sa langit