Billy Nomates - s/t

En mai dernier, les Sleaford Mods partageaient le clip de Second et apparaissaient en tant que spectateurs dans un bar où les actrices Kate Dickie et Emma Stansfield s’emparaient des rôles habituellement réservés à Jason Williamson et Andrew Fearn à savoir hurler sa rage au micro pour l’un et appuyer sur la touche "Space" de son Mac en buvant une bière pour l’autre.

1. Modern Hart
2. Hippy Elite
3. Happy Misery
4. No Voir la vidéo Billy Nomates - No
5. Supermarket Sweep
6. FNP
7. Mudslinger
8. Call In Sick
9. Fat White Man
10. Wild Arena
11. Escape Artist

date de sortie : 07-08-2020 Label : Invada Records

Billy Nomates n’a pas attendu de voir ce clip pour dessiner l’ossature de ses compositions - elle a débuté ce projet il y a plus d’un an - mais elle vient répondre à la curiosité générée par Second : que donnerait un alter-ego féminin de Sleaford Mods ? Et si le résultat est un poil inégal, à l’instar de morceaux plus creux et redondants tel Mudslinger, il n’en demeure pas moins intéressant.

Tor Maries, la Britannique qui se cache sous l’alias Billy Nomates, indique que la genèse de l’album se situe dans une forme d’épiphanie apparue l’été dernier autour de la possibilité de dire "non" : "Non est un mot que je n’utilisais plus depuis au moins un an. A force de ne plus l’utiliser, je n’avais pas le style de vie qui me convenait réellement. A partir du moment où j’ai commencé à dire non à certaines choses, les portes ont commencé à s’ouvrir. Cela ressemble à un discours négatif, mais pour moi, c’est une trouvaille vraiment très positive. "Non, je ne veux pas faire ça" : il y a du pouvoir dans cette affirmation. Si tu apprends à dire non, cela attire l’attention des autres. Dans un monde de "yes men", je serai une "no woman", merci !".


De cette prise de conscience résulte le premier single du disque, évidemment intitulé No. Boite à rythme martiale et basse ronde constituent, comme souvent sur ce disque, la colonne vertébrale du morceau, mais en plus du débit vocal affirmé de Tor Marries se cachent quelques fulgurances : un riff de guitare soutenant les couplets et une petite ritournelle appuyant un refrain d’une efficacité redoutable, en faisant d’ores et déjà un petit classique instantané.

Boucles composées d’une basse et d’un beat abrasifs, spoken word sur le couplet et refrain mélodique, la recette est déclinée à l’envi sur ce disque, d’un Hippy Elite en apnée au pugnace Call In Sick. La mélodie se fait même plus évidente sur un Supermarket Sweep bien huilé sur lequel apparaît même Jason Williamson sur la dernière partie. La boucle est bouclée.

Toutefois, le projet Billy Nomates ne se contente pas de pasticher ses compatriotes basés à Nottingham. Ce n’est jamais par hasard que l’on attire l’attention de Geoff Barrow, le disque étant signé sur son label, Invada Records. Les influences brassent plus larges et c’est ainsi que Fat White Man évoque les premiers PJ Harvey pour sa sensualité rugueuse, tandis que Wild Arena constitue une brillante expérience sonore, où la rythmique martiale et les nappes de synthétiseur aériennes et cotonneuses, façon deep-house, servent d’écrin à la voix engagée de Tor Marries. Âpre, compulsif t plus mélodieux que son alter-ego masculin.

Chroniques - 23.08.2020 par Elnorton
 


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