Robert Gomez - Brand New Towns

Avec un nom pareil, je m’attendais à écouter un orchestre mariachi, du cabaret balkanique ou un songwriter folk suédois, comme ça, histoire de voir. Enfin en tout cas rien qui puisse ressembler au Closer Still ouvrant de la plus belle des manières ce premier album de Robert Gomez, posé sur ma platine sur la foi d’un Caribou du Nord et de l’attachant label Bella Union.

1. Closer Still Voir la vidéo Robert Gomez - Closer Still
2. All We Got
3. The Same Sad Song
4. Back To Me
5. Into The Sun
6. Perfect
7. If I Could Have You Back
8. The Coming
9. The Leaving
10. Mistress
11. You Need Somebody
12. Brand New Towns

date de sortie : 16-01-2007 Label : Bella Union

J’apprendrai plus tard sur myspace que le bonhomme est américain, forcément. Texan plus exactement, ça c’était moins évident mais avec des groupes comme Shearwater, Okkervil River ou Voxtrot on s’attend désormais à tout de la part des texans, et surtout à la plus grande finesse de composition.

En attendant, Closer Still, c’est déjà la chanson dont je pourrais dire qu’elle risque fort d’être ma chanson de l’année, et même si d’ici fin décembre j’aurai certainement revu mon jugement je n’aurai pas le moindre regret de m’être avancé ainsi. Parce que Closer Still, c’est un peu la même claque que j’avais eue l’an dernier sans m’y attendre le moins du monde en découvrant I Was A Lover sur le dernier TV On The Radio, mais version folk-rock fait de bric et de broc, hanté et à fleur de peau, du Dears chanté par Elliott Smith avec Aphex Twin à la boîte à rythme, une mélodie de guitare vénéneuse en leitmotiv et une rupture qui colle le frisson avec ses arrangements de cuivres aussi majestueux qu’étonnants d’économie compte tenu de la sensation procurée, celle d’être le jouet d’un destin contre lequel on ne peut rien.

Closer Still, c’est une épopée intime, une fuite en avant sans temps mort avec la conscience de n’avoir que peu d’espoir d’échapper un jour au passé, de pouvoir recommencer une nouvelle vie loin de celle qui a tout à la fois nourri et détruit la précédente. Car oui, forcément, c’est encore une histoire de femme.

Ce voyage sans retour ni répit se poursuivra sur toute la durée de l’album, de chanson en chanson, de ville en ville, certes sans jamais parvenir à égaler tout à fait ce chef-d’oeuvre introductif mais sans jamais démériter non plus, loin de là. A commencer par le mélancolique All We Got, sublime avec ses arrangements de cordes discrètement doublés de cuivres, d’une retenue à pleurer sur son romantisme déchu. Les plus belles chansons d’Ed Harcourt, autre jumeau de chant, ne sont pas bien loin...

Cette science des arrangements fera merveille de bout en bout, jusqu’au Brand New Towns final, crescendo d’intensité à peine adouci par la lumière d’une flûte en roue libre. Avant ça, Into The Sun bat la mesure d’un Bright Eyes au rythme métronomique de ses baguettes entrechoquées, Back To Me est envoyé dans l’espace par des arrangements électro digne du Grandaddy de The Sophtware Slump, et Perfect vient rappeler avec bonheur les splendides ballades oniriques d’ All Rise , premier album d’Inara George avec lequel il partage également une mélancolie un peu hantée. Les deux albums ont d’ailleurs autre chose en commun, un morceau du nom de Mistress. Et si celui de Robert Gomez n’atteint pas l’intensité et la grâce douloureuse de son fabuleux homologue, on ne lui en voudra pas pour autant, eu égard au charme rétro qui l’anime, nourri de guitare légère, de cordes suaves et de mélodica discret.

Alors s’il est vrai que le reste de l’album relève peut-être un peu trop du patronage d’Elliott Smith, il est aussi vrai que des héritiers de cette trempe, on en écouterait bien tous les jours. Car The Same Sad Song pourrait presque figurer sur Either/Or, rien de moins. Quant à If I Could Have You Back, on le dirait d’abord produit et arrangé par Neil Hannon en personne, du moins avant qu’il ne se mette à glisser vers le cauchemar éveillé, tout comme plus loin You Need Somebody dont la légèreté s’efface bientôt devant un drone inquiétant. On retrouvera The Divine Comedy au milieu des choeurs de The Leaving, armé d’une mélodie de guitare latine évidente à tomber par terre, et entre-temps The Coming aura convoqué en 43 secondes de transition les plus beaux anges d’Ooberman ou de Sufjan Stevens. De quoi attendre la suite des pérégrinations de Robert Gomez avec le mélange de foi et de fébrilité que l’on réserve aux plus grands. Il en fait d’ores et déjà partie.

Chroniques - 01.03.2007 par RabbitInYourHeadlights
 


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