Neuromorph - Below The Surface

1. The Arrival
2. Where Is Everyone ?
3. It’s Sleeping
4. Residential Complex
5. Tunnel
6. Contact
7. Don’t Look Back
8. In A Trap
9. Metamorphosis
10. Alone In The Dark
11. Natural Selection
12. Dying Hope

2024 - Music Analysis Discussions Records

Sortie le : 24 février 2024

Sous la surface, personne ne vous entendra crier

Alors que vient de sortir un nouvel opus de Lustmord, pionnier dark ambient parmi d’autres certes mais dont on peut légitimement se demander en quoi sa musique, qui n’a presque pas évolué depuis le début des années 90, peut encore servir de référence et susciter autant d’admiration dans un genre foisonnant de talents undergound autrement plus captivants, le label Music Analysis Discussions vient à point apporter de l’eau à notre moulin avec le premier album du Russe Dmitry Dubogryzov aka Neuromorph.

Si l’on pourrait de prime abord, sous l’influence d’une pochette digne d’un photogramme de film de d’anticipation spatiale et d’un synopsis idoine (l’exploration dans un futur proche d’un réseau de tunnels lunaires pour retrouver la trace d’un groupe de géologues disparus et probablement victimes d’une mystérieuse forme de vie), penser au label Cry Chamber connu pour des sorties audio HD allant souvent de paire avec une emphase de soundtrack Netflix, une plongée dans l’album a tôt fait de nous détromper : nous sommes bien dans le genre d’univers organiques et caverneux que le dark ambient versant dronesque et narratif cultive à son meilleur, cinématographique sans être surproduit, suintant l’humidité (Metamorphosis), avare en rythmiques (Where Is Everyone ?) et cheminant au son des pas de son protagoniste (Alone In The Dark) dans une succession de décors à la fois obscurs, majestueux et intrigants (It’s Sleeping, Residential Complex).

En bonne bande originale imaginaire, Below The Surface ménage quelques impressionnants crescendos de tension (Tunnel) mais sans la moindre grandiloquence, même lorsque la menace se fait plus tangible (Natural Selection et ses pulsations électro-indus sur fond de vapeurs toxiques). À la différence de Lustmord donc, dont le petit dernier Much Unseen Is Also Here ne cesse de peiner à décoller avec la neurasthénie répétitive aux fréquences sourdes qu’on lui connaît, la musique de Neuromorph est riche en contrastes (de la dystopie pulsatile de Contact aux synthés à la "Blade Runner" de Dying Hope en passant par les crépitements et battements de coeur rythmiques de Don’t Look Back), et fait preuve de davantage de concision tout en demeurant absolument immersive voire flippante aux entournures (In A Trap), à condition bien sûr de l’écouter de manière adéquate : dans le noir, et au casque. Une vraie réussite du genre.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 21.02.2024 par RabbitInYourHeadlights