EGOGAS - Black Night

1. She enters the mirror (feat. Antonella Eye Porcelluzzi)
2. Passed out in beds of pretas
3. Hexagon sun
4. As the string murders the butterfly
5. Be still these submerged bodies
6. Resurrection sky
7. This is not the end

2024 - Foolish Records

Sortie le : 29 mars 2024

Des scintillements, la nuit

EGOGAS, c’est la rencontre transatlantique au sommet de la lo-fi de deux stakhanovistes de l’expérimentation tous azimuts, le Bordelais Innocent But Guilty et l’Américain Hell Is Carbon. Avec 5 longs formats à leur actif sur les seules années 2020 et 2021, on pouvait s’attendre à du nouveau incessamment de la part du duo, qui livre avec ce 6e opus son album le plus concis depuis le second Everything That Waits Rots Like The Ruins Of A Fallen Empire, seul jusqu’ici à ne pas contenir des morceaux avoisinant ou dépassant les 20 minutes (la palme au plus harsh et dystopique EGODRONE et ses 2h de musique pour seulement 7 titres).

Cette fois encore, on est dans une ambient à la fois onirique et abrasive dont les motifs hypnotiques, répétés en boucles entêtantes, se parent d’arrangements cristallins et de nappes éthérées dont les polyphonies à la fois plus denses et délicates qu’à l’accoutumée viennent contraster avec la rugosité de l’enregistrement, en particulier sur le sommet Hexagon sun, ou dès l’introductif She enters the mirror dont les airs de comptine pour instruments-jouets sont entérinés par le spoken word candide d’Antonella Eye Porcelluzzi. En un mot, c’est du télescopage des contraires que naît la beauté des compositions d’EGOGAS, à l’image de cet As the string murders the butterfly mélodique et dissonant à la fois, où l’on ressent vraiment les influences respectives des deux musiciens, d’un côté les nappes rêveuses et la basse presque hip-hop rappelant l’univers d’IBG et de l’autre la noise magnétique émaillée de larsens de Hell Is Carbon.

Ceci dit on ne se refait pas et l’album finit par rebasculer du côté obscur avec le crépitant et hanté Be still these submerged bodies... mais pour mieux rebondir dans l’éther cosmique d’un Resurrection sky aux choeurs synthétiques désarmants de lyrisme et de poésie, puis dans une mélodicité presque jazzy au clavier submergé d’arpeggiators scintillants, de guitares papier-de-verre et de basses fréquences caverneuses (This is not the end). Un bonheur pour les amateurs d’expérimentation venue du coeur.


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 29.03.2024 par RabbitInYourHeadlights