On ne présente plus Richard Hawley, ancien guitariste des Longpigs, éphémère groupe britpop de seconde zone puis de Pulp, dont il sauvera du naufrage le dernier album We Love Life. Encouragé par Jarvis Cocker, il entamera en 2001 une carrière solo en sortant coup sur coup deux disques magnifiques remplis de chansons crépusculaires : un mini-album éponyme puis son premier long format Late Night Final, qui révèleront sur le tard un immense chanteur à la voix d’or, comme il n’en arrive qu’une fois par décennie.

Jouant encore la carte d’un romantisme échevelé flirtant sans cesse avec tous les clichés du genre, Richard Hawley publie son cinquième album Lady’s Bridge , nommé encore une fois en référence à un lieu de sa ville natale Sheffield comme l’était déjà son précédent Cole’s Corner, qui lui valut un joli succès d’estime et une nomination au Mercury Prize. On retrouve ici les mêmes recettes qui ont fait de Richard Hawley, un songwriter précieux et attachant : des envolées orchestrales à la Scott Walker (Valentine), des ballades romantiques d’un autre âge (The Sea Calls), une pointe de rockabilly (Serious) et des titres à rallonge qu’on croirait tout droit sortis de l’imaginaire d’un Morrissey (Tonight The Streets Are Ours, I’m Looking For Someone To Find Me). Ces chansons parlent beaucoup de rupture, de solitude et ont irrémédiablement le goût amer des bières éventées descendues dans un pub anglais, un jour de pluie.
Excellent de bout en bout, Lady’s Bridge confirme que Richard Hawley n’est finalement rien d’autre qu’un Roy Orbison né à la mauvaise époque et du mauvais côté de l’Atlantique, là où le soleil refuse de briller.