Battles - Le Trabendo (Paris)

le 16/10/2007

Battles - Le Trabendo (Paris)

Si vous voulez imaginer la scène du Trabendo pour la venue de Battles, il suffit de regarder la pochette de leur 1er album Mirrored sorti cette année sur le label Warp. Une batterie au premier plan, des claviers juxtaposés, des pédales d’effet et des amplis un peu partout, un mur d’enceintes en arrière. Voilà le décor, les quatre membres s’installent derrière leur machine. Pour ce soir, ils sont en tenue décontractée, jeans, tennis de marque et chemises à manches longues qu’ils vont bien vite remonter vu la chaleur de la salle et l’intensité de leur prestation qui suivra.

A voir jouer Battles sur scène, on remarque vite que ce projet est un véritable délire qui ravit ces musiciens, une belle cour de récréation. Ils se prennent plus ou moins au sérieux, s’amusent comme des mômes avec leurs jouets, le sourire aux lèvres, dansent derrière leur clavier, bidouillent dans tous les sens, font virevolter et vibrer leur guitare, la mettent dans le dos comme des sabres de samouraïs quand ils ne s’en servent plus. En effet, ce super groupe expérimental dont les membres viennent de formations diverses comme Tomahawk ou Don Caballero, est sur scène pour se faire plaisir et en même temps en donner. Car il est bien difficile de résister aux rythmiques tribales entêtantes et souvent hypnotiques de Battles. Les têtes des spectateurs du devant au moins, remuent quasiment tout du long. Et puis il suffit de voir le grand batteur qui se déchaîne avec une frappe de métronome rapide et hallucinante. Restant la plupart du temps assis et rapidement torse nu, il se défoule sur une cymbale à bien 2 mètres de hauteur. Les gouttes de sueur jaillissent à chaque coup de baguette, il faut le voir pour le croire, un spectacle à lui tout seul.

La plupart de morceaux de Mirrored à ma grande surprise, sont joués sans basse. Ils s’appuient principalement sur trois guitares et des claviers pour livrer des morceaux étonnants dans la veine math-rock. Les deux claviéristes jouent en même temps de la guitare avec une belle maîtrise. Le groupe dégage une réelle énergie et ne se retient pas ses coups. Si quelques morceaux peuvent sembler en retrait, regarder les musiciens en pleine expérimentation le fait vite oublier. D’ailleurs, les boucles rythmiques s’imprègnent et s’incrustent machinalement dans les têtes au fur et à mesure. La qualité sonore étant en plus au rendez-vous, il est facile de se laisser prendre et aller.

Les morceaux qui ont fait forte impression sur le public sont ceux sur lesquels on peut entendre des chants, si l’on peut parler bien sûr de chants, car la voix du chanteur est déformée par un vocodeur et en devient difficilement compréhensible, une sorte de voix télétubienne sous hélium. Cela ne gênait pas certains spectateurs qui reprenaient les « refrains » en fredonnant. En guise de couronnement, le meilleur titre de la soirée a été sans conteste Atlas attendu fortement vu les cris de ravissement dés les premières notes. Dix minutes de jouissance et de transe à l’écoute de ce titre génial qui a largement réveillé et fait remué la salle.

Finalement, les échos sur les concerts de Battles sont confirmés. Leur musique prend bien une tout autre dimension, restant imprévisible et originale. Leur terrain de jeu est bien la scène, sur laquelle ils peuvent se libérer, expérimenter et improviser à souhait, pour le plus grand plaisir de tous. Pour sûr, il s’agit d’un des concerts les plus remarquables et surprenants de cette année.


( darko )

 


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